17 avril > Roman France

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Le jeune Corentin Bonaventure, le narrateur, fils d’un instituteur de campagne, a pu, grâce à la bienveillance d’un ami de la famille, poursuivre ses études à Saint-Etienne, puis monter à Paris, où il a été engagé comme saute-ruisseau au Républicain, grand quotidien de gauche de l’époque. Au début, il lui faut faire ses preuves, on ne lui confie que quelques brèves sur des faits divers. Et puis, en 1877, la chance se présente : il rencontre le marquis de Rays, un hobereau breton ultra-catholique et désargenté, qui n’a pas digéré la guerre de 1870, Sedan et la Commune. Visionnaire ou escroc, il s’est lancé dans un projet fou : créer en Papouasie une Nouvelle-France utopique baptisée Port-Eden, une communauté chrétienne fidèle à ses premiers principes, coupée du matérialisme moderne et priée de convertir au passage les autochtones à la « vraie foi ».

Corentin, qui a commencé à couvrir l’aventure pour son journal, va se voir promu grand reporter et participe à l’expédition, accompagnant les premiers colons à qui le marquis a cédé des concessions, cinq francs l’hectare. Après deux ans de préparatifs, le vapeur Stella Maris part enfin des Pays-Bas, avec à son bord une centaine de passagers, de toutes origines. Parmi eux, le jeune curé Le Gonidec, la foi chevillée au corps, le prétentieux Tinteniac, que Corentin déteste parce qu’il est amoureux de sa maîtresse, la belle Fleurette, l’énergique Maman Sophie, ancienne cantinière aux armées, Lurin, l’imprimeur ou Boéro, un truculent garçon de café, plus un gouverneur théorique et des mercenaires. Après Gibraltar, le canal de Suez, Aden, Singapour, quelques mésaventures et des désertions, le Stella Maris parvient dans la baie de Port-Eden.

Il pleut sans discontinuer, la jungle est hostile, il n’y a presque rien à manger, et la petite goélette des colons a sombré dès l’accostage. Les voici affamés, malades, sans ressource, désespérés. Heureusement, des Papous pacifiques aident les survivants. Mais les relations vont bien vite se dégrader, et l’aventure se terminer par une évacuation piteuse jusqu’à Sydney. Corentin, lui, que Fleurette n’a pas voulu suivre, rentrera à Paris, auréolé de sa jeune gloire. Ses reportages ont fait sensation.

De cette histoire authentique, fiasco colonial doublé d’une escroquerie - Rays a vendu des terres qui ne lui appartenaient pas et fini en prison -, Jean-Michel Barrault, journaliste-écrivain de marine émérite, a tiré un roman d’aventures « à l’ancienne », très XIXe siècle, un peu à la manière de Jules Verne. J.-C. P.

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