Un parfait inconnu. Georges de La Tour (1593-1652) est l'un des plus grands peintres français de tous les temps, dont l'œuvre, rare, dispersée dans nombre de collections et de musées, avec de nombreux tableaux non signés voire à l'attribution incertaine, suscite à chaque nouvelle exposition un intérêt passionné. Celle qui s'ouvre en septembre au musée Jacquemart-André à Paris ne devrait pas faire exception. L'autre particularité de l'artiste est que, nonobstant sa célébrité de son vivant et ses rapports avec les puissants de son temps (dont Richelieu et Louis XIII, qui le collectionnèrent et le soutinrent, en tant que « peintre ordinaire du roi », à partir de 1639), sa vie nous est fort mal connue. Une double gageure, donc, pour les auteurs qui veulent lui consacrer un livre, dont l'universitaire nancéienne et spécialiste des xvi^e et xvii^e siècles Paulette Choné se tire magna cum laude. Alternant les chapitres critiques et les chapitres biographiques (très contextualisés), elle analyse seize des œuvres de La Tour qui scandent son parcours, depuis La diseuse de bonne aventure jusqu'au Songe de saint Joseph. Elle explique bien ses sources d'inspiration, sa manière « post-caravagesque », élucide quelques attributions hasardeuses. Quant à la vie de ce bourgeois qui rêvait d'être noble, cet arriviste forcené et querelleur, elle la conte avec érudition, vivacité et sans indulgence. Jusqu'à sa mort chez lui, à Lunéville, en 1652, à cause d'une épidémie.