La librairie lyonnaise Passages a ouvert le 25 octobre un nouvel espace de vente situé en étage et dédié aux sciences humaines. "Avec le rachat d’une partie de l’appartement qui était au-dessus du magasin, nous avons récupéré 90 m2 et porté à 300 m2 notre surface de vente globale", se réjouit Erik Fitoussi, cogérant avec Françoise Charriau. Contestant le déclin des sciences humaines, les libraires leur consacrent désormais 50 m2 (+ 30 %) sur la nouvelle surface où ils ont gardé 40 m2 pour leurs bureaux, jusqu’alors situés dans la cave. Selon Erik Fitoussi, "la pensée va bien. En philosophie particulièrement, il y a une production forte et la demande suit. Notre ambition est donc de faire en non-fiction le même travail que celui que nous faisons en fiction et pour lequel nous sommes aujourd’hui reconnus."
Permettant à la librairie créée en 2000 de franchir un nouveau cap et de relancer "une dynamique interne et externe", l’agrandissement est aussi, selon le libraire, "un moyen de dépasser les frustrations que nous ressentions de plus en plus face à l’impossibilité de répondre à nos clients en quête d’une meilleure compréhension du monde et de ses problèmes". Mais le rayon sciences humaines qui, en grimpant d’un étage, a libéré 30 m2 au rez-de-chaussée, n’est pas le seul bénéficiaire de l’agrandissement. Déménagé dans l’espace laissé vacant, le rayon arts a été réorganisé en un pôle élargi intégrant les beaux-arts et arts du spectacle mais aussi les arts de vivre et le pratique. Par un jeu de chaises musicales, la BD a pris la place des arts, s’octroyant quelques mètres carrés supplémentaires et libérant une surface récupérée par le secteur jeunesse, qui double sa superficie. "Le fort développement de la jeunesse répond, selon Erik Fitoussi, à un appel d’air ressenti avec la disparition récente à Lyon de deux librairies spécialisées, Les Loupiots et A pleine page". Aidés par l’Adelc et le CNL, les gérants évoquent un budget total, de l’achat immobilier aux nouveaux luminaires, de près de 400 000 euros. Ils ont aussi étoffé leur équipe, portée de 13 à 15 personnes, mais restent prudents dans leurs prévisions de croissance, tablant sur une modeste hausse de 4 %. "Pour les sciences humaines, nous ne prévoyons pas de hausse à court terme car on sait que l’étage constitue un handicap." Au 114e rang du dernier classement annuel Livres Hebdo des librairies, Passages affichait pour son dernier exercice un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros.
Clarisse Normand