Essai/France 18 septembre Vincent Delecroix

« Il paraît que lorsqu'on perd, il faut le prendre avec philosophie. Mais laquelle ? » C'est pour répondre à cette question que Vincent Delecroix (EPHE) a envisagé ce que pourrait être une « philosophie de la perte ». Dans cet essai brillant et touffu qui fait appel à la psychanalyse, à la religion, à la mythologie, au droit, à l'histoire, et circule de Barthes à Merleau-Ponty et de Mozart à Shakespeare, il explique que lorsqu'on perd, on ne perd pas tout, on gagne l'expérience de la perte.

Cette perception du manque, ce goût des ruines, cette peur panique de l'égarement dans une société qui veut tout conserver sont analysés au scalpel par ce spécialiste de Kierkegaard, avec parfois une touche de poésie. « Les objets, tous les êtres sont des chats. Ils arrivent et s'en vont. Ils traversent dans notre vie mais jamais dans le sens exact de notre vie. » Il faut dire que le thème est fuyant par définition. Car comment tenir à ce qui s'enfuit, voire à ce qui n'est plus ? On peut légitimement éprouver une sorte de vertige, et le lecteur ne manquera pas de tanguer quelquefois durant cette traversée agitée. Mais le sujet est là, impérial, évident. Sur ce sentiment de la perte dont l'ennui et la douceur l'obsèdent, Vincent Delecroix n'hésite pas à apposer le beau nom grave de philosophie.

Vincent Delecroix
Apprendre à perdre
Rivages
Tirage: 2 000 ex.
Prix: 21.80 euros ; 224 p.
ISBN: 9782743648404

Les dernières
actualités