Il ne reste plus que onze semaines avant la deuxième édition de "Lire en short", et voilà que cette toute jeune manifestation nationale dédiée au livre pour la jeunesse s’apprête à changer de nom à la demande de la nouvelle ministre de la Culture, Audrey Azoulay. Sur Livreshebdo.fr, nos lecteurs se sont empressés de réagir, particulièrement les bibliothécaires. Essuyant les plâtres, ces derniers ont assuré une bonne part du succès de l’opération l’an dernier et sont déjà engagés au côté du Centre national du livre dans la préparation de la nouvelle édition prévue du 20 au 31 juillet prochains.
Certains reprochent à l’appellation envisagée, "Partir en livre", son classicisme. Une professionnelle déplore le peu de considération que ce changement de nom tardif traduit pour ceux qui préparent d’ores et déjà la manifestation de 2016 sous le nom de "Lire en short", et pour les moyens engagés. Une bibliothécaire se souvient avec amertume des changements de nom, à chaque nouveau ministre, de "La fureur de lire", devenue "Le temps des livres" puis "Lire en fête" avant de perdre toute identité et de disparaître.
Peut-on éviter que la belle idée d’une fête du livre pour la jeunesse ne finisse par sombrer dans les méandres des alternances politiques ? C’est moins affaire de dénomination que de précision du concept et des objectifs. Lorsqu’elle a été initiée en 2015 par le ministère de la Culture, "Lire en short" a été accueillie par la chaîne du livre, particulièrement dans le secteur du livre pour la jeunesse, avec beaucoup d’espoir et d’enthousiasme et un peu de perplexité. Certains se sont demandé s’il était pertinent d’organiser une telle manifestation au cœur de l’été, en période de fermeture des établissements scolaires. D’autres ont craint qu’une dispersion des initiatives ne nuise à l’efficacité et à la visibilité de celles-ci, ou ont critiqué… son nom.
Il faut reconnaître au président du CNL, Vincent Monadé, d’avoir contribué il y a un an à préciser les contours de la manifestation. Si ses moyens et ses délais serrés n’ont pas facilité sa médiatisation nationale en 2015, "Lire en short" s’est clairement inscrite localement dans le champ social, portant le livre vers des catégories de jeunes qui s’en tiennent généralement éloignées. Un effort qui mérite d’être poursuivi et amplifié. Sous n’importe quel nom du moment qu’on s’y tienne.