INTERPROFESSION

Table ronde sur le thème : "Publier des auteurs africains".- Photo CATHERINE ANDREUCCI/LH

Rares sont les rencontres entre éditeurs et libraires francophones d'Afrique centrale et d'Afrique de l'Ouest. Réunis à Abidjan en Côte d'Ivoire les 12 et 13 novembre à l'initiative du Bureau international de l'édition française (avec l'Organisation internationale de la francophonie), ils étaient une quarantaine à réfléchir aux façons de structurer une interprofession qui fait défaut dans leurs pays. "Il faut continuer à renforcer la professionnalisation et que chacun fasse son métier, a suggéré Dramane Boaré, directeur des Classiques ivoiriens. L'éditeur donne l'information. On attend que le libraire ait une maîtrise de son environnement, qu'il se déplace vers le client quand c'est nécessaire, qu'il anime sa boutique. Nous manquons de professionnels dans la distribution et la diffusion. Il y a de la place à prendre en Afrique ! » Mieux travailler ensemble apparaît comme une nécessité aux éditeurs et libraires africains, sur des marchés dominés par le secteur scolaire, souvent aux mains d'éditeurs français. "On a du mal à voir se dessiner un réel marché du livre, a souligné Serge Dontchueng Kouam, des Presses universitaires d'Afrique (Cameroun). Nous n'avons pas toujours de retour d'information sur notre offre et sur la demande." Deux éléments concrets sont susceptibles d'améliorer les échanges entre professionnels d'un même pays, mais aussi entre les pays africains. La relance d'Afrilivres, association d'éditeurs francophones d'Afrique subsaharienne, menée avec le soutien de l'Institut français, pourrait changer la donne. Un poste de direction a été créé et confié à Agnès Adjaho, ancienne directrice de la librairie Notre-Dame à Cotonou (Bénin), dont le professionnalisme est reconnu de tous. L'association travaille déjà sur le transport des livres et sur une refonte de son site Internet. De son côté, la Caravane du livre, organisée chaque année par les membres de l'Association internationale des libraires francophones (AILF), s'étoffe. Elle permet, grâce à des subventions et au soutien des éditeurs, de proposer un vaste choix de livres à prix adaptés au pouvoir d'achat dans des régions reculées de 9 pays africains. Lors du séminaire de l'AILF, qui s'est tenu à Abidjan avec le soutien de l'Institut français, juste avant les rencontres du Bief, les libraires ont exploré des pistes pour associer davantage les éditeurs à cette opération : la sélection proposée comporte de plus en plus de livres publiés par des éditeurs africains, qui pourraient proposer des animations et des éléments de communication sur les auteurs... La question de l'attribution des marchés publics a aussi été étudiée, avec le souhait qu'elle préserve la chaîne du livre. Ce devrait être une des recommandations qui seront transmises aux ministres de la Culture des pays de la Cédéao qui doivent se regrouper à Ouagadougou à la fin du mois.

30.10 2014

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