"Paris est fait pour que les arrivistes arrivent et que les séducteurs séduisent." On se croirait dans la chanson de Brel où "Bruxelles brusselait", si ce n’est qu’on se situe dans le nouveau roman d’Olivier Py. L’homme de théâtre collectionne les lauriers et les critiques, les parts d’ombre et de lumière. Une dualité insufflée dans des pages, qui s’interrogent sur les mirages du succès.

Paris est-elle la ville de tous les possibles ? C’est ce qu’espère Aurélien, un jeune loup prêt à tout pour réussir. Si ce rouquin croit à son destin, c’est pour mieux "vaincre, triompher, ignorer la mort". Fougueux, il respire l’ivresse de la jeunesse. Py le décrit comme un Rastignac, qui sait se frayer un chemin pour parvenir à ses fins. Nul ne résiste à Aurélien, alors il découvre toutes les fourberies, politiques et sexuelles, de Paris. Trône pour les uns, bûcher pour les autres, la ville devient le théâtre de son appétit vorace. "Toi tu veux le monde, tu ne veux pas son poème", affirme une femme. Le héros entrevoit toutefois la grâce en rencontrant Lucas, un danseur évoluant sur la corde raide.

Au-delà de la flamboyance, tous les personnages ont l’espérance de briller le temps d’un éclat. Mais ce roman d’une génération, désabusée et sacrifiée, croque notre société de façon acérée. Dans la langue voluptueuse d’Olivier Py, on retrouve son goût pour l’excès, les tourbillons et la spiritualité. Ce livre sent le vécu et la passion qui peut se muer en poison.

Kerenn Elkaïm