Essai/France 11 mars Laurence Devillers

Robots émotionnels, rien que le terme fait peur. Comment un robot pourrait-il avoir des émotions ? Avec un sens efficace de la pédagogie, Laurence Devillers (université Paris-Sorbonne) explique ce que sont déjà ces objets que nous connaissons sous le nom de Google home, Alexa ou Siri. Demain ils seront encore plus présents dans nos maisons, nos voitures ou dans nos poches. Deleuze parlait dans les années 1970 de machines désirantes. Cette fois nous y sommes, enfin presque. Mais cette spécialiste en intelligence artificielle nous dit ce qu'il faut entendre par ce nouveau système et ce qu'il faut aussi en attendre. « Plutôt qu'intelligent, il est surtout sensitif : il perçoit certaines informations, et est capable de réagir en fonction de celles-ci. Il est aussi capable de simuler de l'attention à notre égard, voire de l'affection. » La peur comme l'euphorie sont mauvaises conseillères en la matière. Cette intelligence - car c'en est une - fonctionne avec ce que nous lui donnons chaque jour. Elle s'enrichit de nos données sans comprendre ce qu'elle dit, elle nous aide parce que nous lui fournissons toujours plus d'éléments pour nous aider. Mais il y a au moins deux choses dont elle n'est pas capable : l'oubli et l'instinct.

Laurence Devillers
Les robots émotionnels : santé, surveillance, sexualité... et l'éthique dans tout ça ?
L’Observatoire
Tirage: 3 200 ex.
Prix: 20 euros ; 272 p.
ISBN: 9791032901984

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