"Délaissant les grands axes, j’ai pris la contre-allée", chantait Bashung en 1998, inspirant Benoît Verhille et Marielle Leroy qui créeront leur maison dix ans plus tard. Sur les tables des libraires, c’est d’abord à leurs couvertures, vitaminées et graphiques, que l’on reconnaît les livres (littérature française et étrangère, essais) des éditions La Contre Allée. A leur format, aussi, puisque les derniers titres publiés, trois "récits de fiction sur les fondations et refondations européennes", signés du Grec Christos Chryssopoulos, du Français Arno Bertina ou du Portugais Gonçalo M. Tavares, tiennent dans la paume de la main. Parus entre février et mars, ils appartiennent à la toute nouvelle collection "Fictions d’Europe", née d’un partenariat avec la Maison européenne des sciences de l’homme et de la société (MESHS) et représentative de l’esprit de la maison lilloise. "Nous aimons échanger, car les problématiques d’ici sont souvent les mêmes que celles hors de nos frontières. Ce qui nous intéresse, c’est la condition de l’individu", explique Benoît Verhille. Le printemps s’annonce lui aussi tourné vers l’Europe. Le 16 avril, La Contre Allée, déjà éditeur français du juge Falcone, republie Le retour du prince, pouvoir et criminalité de Roberto Scarpinato. Enrichi d’une préface d’Edwy Plenel, qui avait invité le magistrat italien à un débat sur la corruption fin 2014 à Paris, ce livre d’entretiens avec le journaliste Saverio Lodato dresse un tableau glaçant des liens entre pouvoir et mafia. "L’un de nos objectifs est de croiser les regards d’intellectuels, d’artistes, de politiques, précise le cofondateur, et d’accompagner les auteurs étrangers à la rencontre de leur public français. " Le 11 juin, Robert Scarpinato défendra ainsi son ouvrage au Mucem, devant ses lecteurs marseillais. M. D.