Trois entrepreneurs et une libraire, Nathalie Iris, fondatrice des Mots en Marge à Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine), ont échangé avec Frédéric Duval, directeur général d'Amazon France depuis 2015, dans les colonnes du supplément économie du Parisien en date de mardi 6 juin.
La libraire, également présidente du Prix des libraires et chroniqueuse littéraire à Télématin, a d'abord interrogé le dirigeant sur les 18 000 suppressions d'emplois annoncées par Amazon en novembre 2022. Éludant la question, Frédéric Duval a évoqué le chiffre de 100 000 emplois occupés par son activité en France : 20 000 CDI, 45 000 postes chez les sous-traitants et 35 000 liés aux commerces qui vendent par l'intermédiaire du géant du commerce en ligne.
« Je vends des livres et vous aussi. Faisons-nous le même métier ? », poursuit Nathalie Iris. « Je ne pense pas que nous faisons exactement le même métier, mais nous avons la même passion », lui répond Frédéric Duval, précisant le souhait d'Amazon de « diffuser la culture française partout sur le territoire ». Il souligne aussi le rôle à jouer de la firme dans les communes sans librairies, qui représentent « près de la moitié des expéditions de livres ». Frédéric Duval distingue cependant la stature de son entreprise de celle des libraires, qui vendent des nouveautés et des ouvrages recommandés, alors qu'Amazon vend « des fonds de catalogue qui ont plus de deux ans d'édition ». « Vous avez quelques milliers d'articles, et nous offrons le catalogue complet avec dix millions de références », conclut-il.
« Nous devons travailler ensemble »
« Quand je recommande un livre sur Télématin, c'est Amazon qui remporte le paquet. Vous êtes bien un concurrent pour les libraires », affirme ensuite la libraire. Le DG de la société de commerce en ligne évoque de nouveau l'importance de son rôle et sa complémentarité dans les territoires où il n'y a pas de librairie, ajoutant qu'à « Paris, qui regroupe 2,5 % de la population, vous avez 20 % des librairies françaises alors qu'il y a plein de régions où il n'y en a pas ».
« Nous opposer n'est pas une bonne méthode, nous devons travailler ensemble », lui suggère alors Frédéric Duval.
Quand un des trois autres entrepreneurs l'interroge sur « les conditions de travail souvent pointées du doigt chez Amazon », le DG s’en défend : « Selon un sondage Ifop réalisé en mars, plus de 80 % de nos salariés recommandent de venir travailler chez nous ». Il poursuit en citant un accord sur la qualité de vie signé en 2021 et puis le référencement de la société auprès de l'organisme Top Employers Institute. Nathalie Iris remet le sujet sur la table : « Comment expliquez-vous alors cette mauvaise image ? » Le dirigeant évoque l'utilisation de sa marque « pour faire passer un certain nombre de messages », « on est une entreprise qui symbolise un peu le capitalisme ».
Une promesse de réduire les émissions de CO2
Questionné sur le taux d'imposition relativement faible de la société en France, la place de la robotisation et de l'intelligence artificielle en son sein, mais aussi sur les nouvelles activités de la multinationale (qui a par exemple lancé Amazon Pharmacy en 2020), Frédéric Duval conclut alors sur les projets en cours et à venir en matière d'environnement.
« Nous organisons des boucles de livraisons optimisées avec des arrêts réguliers. Nous devons poursuivre nos efforts sur la réduction du carton et l'électrification de nos flottes », explique-t-il. Il avance par ailleurs le fait que deux tiers des livraisons sont déjà décarbonées à Paris et dans douze autres villes. Le cadre dirigeant promet enfin une enveloppe de 250 millions d'euros pour décarboner les activités de son entreprise d'ici 2040.