Le Festival America, qui se déroulera du 8 au 11 septembre sur le thème de "L’Amérique dans tous ses Etats", donnera le coup d’envoi de la rentrée littéraire étrangère. Les livres des auteurs invités composent une balade qui fait la part belle à New York où l’on retrouve les marginaux d’Atticus Lish (Buchet-Chastel), la ville des années 1980 de Molly Prentiss (Calmann-Lévy), le Brooklyn de Sergio de la Pava (Le Cherche Midi) ou la grosse pomme pendant l’ouragan Sandy par Ben Lerner (L’Olivier). Les lecteurs arpenteront aussi les vastes territoires du pays avec la troupe itinérante d’Emily St John Mandel (Rivages), le Maine avec Ann Beattie, une nouvelliste présentée comme l’héritière d’Alice Munro (Bourgois), le Montana avec Smith Henderson (Belfond), le Dakota du Sud avec Dan O’Brien (Au Diable vauvert), le Texas des années 1920 avec Virginia Reeves (Stock), et même l’Iowa avec Jane Smiley (Rivages), la Caroline du Nord avec David Joy (Sonatine), et le Minnesota avec David Treuer (Albin Michel). Les villes mythiques du pays ont une belle place dans la production étrangère. Wendell Pierce, producteur et acteur dans The wire et Treme, a choisi La Nouvelle-Orléans après Katrina (éditions du Sous-sol), Megan Kruse s’est attachée à Seattle (Denoël), tandis que Stewart O’Nan place son intrigue à Hollywood (L’Olivier). Sans oublier la Jamaïque de Marlon James, dont Brève histoire de sept meurtres a reçu le Man Booker Prize 2015 (Albin Michel). Parallèlement, le festival rendra hommage à Jim Harrison, décédé en mars, dont Flammarion publie Le vieux saltimbanque.
Découvertes
Les lecteurs ont aussi rendez-vous avec Dermot Bolger (Joëlle Losfeld), Nickolas Butler (Autrement), Jonathan Coe (Gallimard), Jim Fergus (Le Cherche Midi), Bruce Holbert (Gallmeister), Howard Jacobson (Calmann-Lévy), Chris Kraus et son sulfureux I love Dick (Flammarion), Wally Lamb (Belfond), Dylan Landis (Plon), Henning Mankell avec un livre posthume (Seuil), Joyce Maynard (Philippe Rey), Eduardo Mendoza et Antonio Muñoz Molina (Seuil), Edna O’Brien (Sabine Wespieser), Audur Ava Olafsdottir (Zulma), Enrique Serna (Métailié), Gonçalo M. Tavares (Viviane Hamy), Colm Tóibín (Laffont) et Alissa York, quittant Joëlle Losfeld pour Liana Levi.
Du côté des découvertes, on lira les premiers romans des Américains Dan Marshall (Kero), Emma Cline (Quai Voltaire) avec The girls, Craig Clevenger (Le Nouvel Attila), Sara Novic (Fayard), et ceux des Britanniques Kit De Waal (Kero) et Guinevere Glasfurd (Préludes), de l’Espagnol Natalio Grueso (Presses de la Cité), de l’Italien Davide Enia (Albin Michel), du Danois Iben Mondrup (Denoël) ou de la Chinoise Tsou Yung-Shan (Piranha). Deux nouvelles maisons feront aussi leur première rentrée littéraire : L’Antilope, spécialisée dans la littérature juive, ainsi que Louison, qui s’attache à faire découvrir les auteurs russes.
Pour se repérer parmi les 197 titres traduits programmés entre septembre et octobre (ils étaients 196 en 2015), les grands prix littéraires étrangers sont des boussoles ayant de plus en plus d’écho en France. On attend donc M pour Mabel d’Helen Macdonald (Fleuve éditions), Costa Award et Samuel Johnson Prize ; Une nuit, Markovitch d’Ayelet Gundar-Goshen, prix Sapir du Premier roman en Israël (Presses de la Cité) ; Après l’hiver de la Mexicaine Guadalupe Nettel, prix Jorge-Heralde en Espagne (Buchet-Chastel) ; Les vies de papier de Rabih Alameddine, finaliste du National Book Award (Les Escales) ; Frankenstein à Bagdad d’Ahmed Saadawi, prix international du Roman arabe 2014, La vie des autres de Neel Mukherjee, finaliste des Man Booker et Costa Award, et En vie de David Wagner, prix de la Foire de Leipzig 2013, tous trois chez Piranha. Tandis que Voici venir les rêveurs de la Camerounaise Imbolo Mbue, sur la chute de Lehman Brothers, s’il n’a pas reçu de prix a suscité de belles enchères à Francfort, remportées pour la France par Belfond.
Etranges univers
Plusieurs curiosités sont au programme de cette rentrée comme Tabou de l’Allemand Ferdinand von Schirach (Gallimard) autour de la figure de Louis Daguerre ; Bekomberga, un roman sur la folie de Sara Stridsberg, entrée à l’Académie suédoise (Gallimard), ou N’essuie jamais de larmes sans gants de Jonas Gardell, le roman suédois des années sida (Gaïa). Histoire de Knut, dans lequel Yoko Tawada fait parler trois générations d’ours polaires (Verdier), Amour monstre, un livre culte sur la monstruosité de Katherine Dunn, finaliste en 1989 du National Book Award (Gallmeister), et Les élus de Steve Sem-Sandberg (Robert Laffont), sur les enfants cobayes des nazis rappelant Les Bienveillantes, nous entraînent dans des univers encore plus étranges. A moins qu’on ne préfère le premier roman inédit de l’Uruguayen mort en 2009, Mario Benedetti, Qui de nous peut juger (Autrement), ou le livre culte écrit en 1972, Watership Down de Richard Adams (Monsieur Toussaint Louverture), vendu à 50 millions d’exemplaires et passé inaperçu en France. Ce n’est pas le seul classique à qui les éditeurs tentent de donner une nouvelle chance. Liana Levi programme Mélodie de Vienne de l’Autrichien Ernst Lothar, "une perle retrouvée de la Mitteleuropa" qui n’avait jamais été traduite intégralement, tandis que Fayard tente une nouvelle traduction de La montagne magique de Thomas Mann. C. C.