Sophia Antipolis est née d'une histoire d'amour et de l'idée folle de bâtir une cité idéale. « Il n'y avait rien, il y aurait tout. » Construire au XXe siècle, sur un territoire vide, une ville dont l'influence se rapprocherait de celle des Rome et Florence de l'Antiquité, où les sciences et les technologies se développeraient au gré des échanges entre chercheurs, étudiants, startuppeurs... Voilà un projet digne de l'architecture des années 1970, dont la « cité idéale » est un leitmotiv. Aujourd'hui, Sophia Antipolis est la première technopole française, « un territoire attractif pour les investisseurs du monde entier », comme laprésente son site officiel.
« Ceux qui ont construit Sophia ont réussi à rejouer parfaitement la comédie de la colonisation mais à l'intérieur du territoire français. [...] À sa création, Rome n'était pas la ville d'un seul peuple », écrit Nina Léger. La zone sur laquelle est installée Sophia Antipolis n'était pas vide, en fait. Il y avait là le camp de la Bouillide où avaient été logés, dans les années 1960, des harkis qui ont vu débarquer années après années pelleteuses et instruments de chantier, et qui ont été forcés à partir. « C'est comme ça que Sophia Antipolis est née : en effaçant le terrain, en prétendant qu'il n'existait pas, en entourant de silence ce témoin compromettant. »
Entre archives et poésie, sur les pas d'un Virgil Vernier qui avait fait de Sophia Antipolis le personnage principal d'un docufiction éponyme en 2018, Nina Léger met en lumière le triste sort d'une ville oubliée dans son reflet rêvé.
Antipolis
Gallimard
Tirage: 5 000 ex.
Prix: 17 € ; 192 p.
ISBN: 9782072967153