Poésie du réel. C'est en 2008 sur Facebook, en 2012 sur Instagram, soit bien avant qu'il n'obtienne le prix Goncourt pour son deuxième roman, Leurs enfants après eux (Actes Sud, 2018), que Nicolas Mathieu a commencé de poster des textes, des sortes de chroniques. En 2018, ce sont devenus des billets enflammés, déclarations d'amour quotidiennes à une femme qui n'était pas libre. Des « éphémérides d'une passion », parfois poétiques, parfois crus (ah, ce « cul » qui revient fréquemment le hanter), qui décollent du particulier pour atteindre à l'universel. « Souffrir par toi n'est pas souffrir », écrivit Étienne Roda-Gil pour Julien Clerc. Vint ensuite le Covid, et ce « vol de deux années » que Mathieu a, semble-t-il, mal vécues, mais durant lesquelles il a fait ce qu'il sait faire : écrire, compulsivement, des chroniques dont les plus réussies s'apparentent à des poèmes en prose. Souvenirs personnels, évocation de sa vie, de ses soucis... Révolte, aussi, face au monde qui ne va pas. « Je suis de la race des mécontents », note-t-il. Et puis à la fin, l'écrivain se parlant à lui-même, le livre s'achève en jubilation absolue d'être vivant, humain parmi ses semblables, même si l'on sait que tout ça n'est qu'éphémère. La révolte se métamorphose en rage de vivre, d'aimer encore. Quant aux dessins très colorés d'Aline Zalko, ils donnent parfois une apparence physique à la femme aimée, ou alors se font abstraits, bleu foncé, comme pour explorer les profondeurs de ce Ciel ouvert.
Le ciel ouvert
Actes Sud
Tirage: 70 000 ex.
Prix: 18,50 € ; 128 p.
ISBN: 9782330185497