Polynie, polynie, au début on pense à Polynésie… Circulez, il n’y a rien à voir. Direction, les antipodes, une polynie est un espace d’eaux libres dans une banquise, que le vent ou les courants empêchent de se refermer et où la vie aquatique et l’avifaune prospèrent, créant de véritables oasis dans la glace. C’est aussi le nom de la nouvelle collection de MeMo. On y arpente en effet les territoires vierges de l’imaginaire, toujours féconds et inattendus.
Dans Truffe et Machin, deux frères lapins sont en panne totale d’aventures. Pas une bêtise à commettre, rien, pas la queue d’une idée. Voilà nos compères partis le long de la voie ferrée à essayer de mettre la main sur l’idée folle perdue par Truffe. Hélas, les idées lumineuses sont parfois farouches ! Les deux autres histoires du livre sont du même acabit, inventives et drôles à souhait. Les artistes du quotidien savent s’y prendre pour tenter une combinaison loufoque du réel et de la poésie. Les illustrations croquignolettes sont signées Camille Jourdy.
Dans le deuxième livre, La petite épopée des pions, des pions noirs et blancs s’embêtent à cent sous de l’heure dans leur beau coffre de bois de rose. Seul divertissement, la sortie sur le damier quand, enfin, la Main consent à leur faire prendre l’air. Un jour, Sasha (l’un parmi les autres Sasha) décide d’aller voir du pays. Il sait que la liberté a un prix, le renoncement au confort douillet de la boîte à jeux. Encore faut-il attendre qu’un Coude veuille bien le renverser de la table de jeux. Un récit allégorique sur le refus de l’uniformisation incarnée par des personnages inédits en littérature : des pions. Il fallait oser.
Fabienne Jacob