Portrait 

Dieu

Nathan Devers est né dans une famille juive, sans plus. C'est lui qui, tout jeune, « sans contrainte », s'est mis à pratiquer de façon orthodoxe. « Je m'orientais vers une vie de rabbin », confie-t-il. Et puis, à 16 ans, « à cause de la lecture de l'Ecclésiaste », soudain et irréversiblement, il « cesse de croire en Dieu ». « Une anti-révélation », dit-il. Il se dirige alors vers la philosophie et la littérature, « une même quête, un même absolu, mais où les questions ont plus de sens que les réponses ».

 

Naïveté

Dans sa vie comme en littérature, Nathan Devers se veut pratiquant ce qu'il appelle « la naïveté ». Une naïveté volontaire, pour lui « le seul moyen de ne pas être dupe », par exemple des écrans. « J'essaie d'observer le monde sans être impliqué, comme un enfant. » Ce qui ne l'empêche pas d'avoir ses idées, plutôt de gauche, même si on le voit parfois invité sur la chaîne CNews. « Il est très intéressant d'intervenir sur un média dont on ne partage pas les idées », commente-t-il. On pense au Flaubert de Bouvard et Pécuchet, au Gide d'Un esprit non prévenu.

 

Travail

« Je ne crois pas au talent en littérature, lance Nathan Devers, un tantinet provocateur, tout au moins dans mon cas ! » Il croit au travail. Son nouveau roman, Les liens artificiels, il l'a bossé durant deux ans, jour et nuit, l'a réécrit intégralement cinq fois. « Au début, raconte-t-il, je savais bien que c'était mauvais. J'ai tout jeté, et recommencé sans cesse, jusqu'à ce que je sente que toute nouvelle intervention détruirait l'ensemble. » On peut être tout jeune et déjà très professionnel.

 

Gainsbourg

« C'est quelqu'un qui me fascine, qui joue un rôle important dans mon roman, lequel lui est codédié » − avec Heidegger ! « C'est un mélange entre le génie de la création, dans tous les domaines, et le génie de la destruction, le feu qui brûle tout. Il était habité par des spectres, des artistes qui l'ont précédé, comme Brahms ou Huysmans. Il manque cruellement à notre époque. »

 

Chewing-gum

Lorsque Nathan Devers se focalise sur un sujet, sur un domaine, c'est de façon « obsessionnelle », avoue-t-il. Son esprit se ferme à toute autre chose. Par exemple, il a travaillé sur le même philosophe, Heidegger, durant cinq ans. « Je rumine un sujet comme un vieux chewing-gum, et puis je vais en ruminer un autre. Ça peut avoir un côté chiant pour mes proches ! » On le croit sur parole.

Nathan Devers
Les liens artificiels
Albin Michel
Tirage: 7 000 ex.
Prix: 19,90 € ; 336 p.
ISBN: 9782226475053

Bio

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"Les liens artificiels" 

"Les liens artificiels" 

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