Malgré l’état d’urgence en vigueur depuis les attentats du 13 novembre, le 31e Salon du livre et de la presse jeunesse (SLPJ) de Montreuil, organisé du 2 au 7 décembre sous le signe d’Alice au pays des merveilles, a fait bonne figure. Il revendique 139 000 visiteurs, contre 162 000 un an plus tôt, dont beaucoup de familles durant le week-end, et 13 000 professionnels (17 000 si on inclut les auteurs, les étudiants et les journalistes). Le chiffre d’affaires s’inscrit en baisse de 15 à 20 % selon les stands, revenant à son niveau de 2013 (celui de 2014 avait été exceptionnel), mais ce salon reste la grande vitrine où l’on vient voir la production, le rendez-vous indispensable pour s’informer (du fait de l’encadrement des marchés par les appels d’offres, les bibliothécaires n’achètent plus pour leurs établissements). Et cette édition, pour laquelle Sylvie Vassallo, directrice du SLPJ, et son équipe n’ont pas ménagé leurs efforts, s’est déroulée dans une bonne ambiance, le public goûtant au plaisir "d’avoir de vrais échanges autour des livres".
Restait une interrogation : les bibliothécaires de province annuleraient-ils leur voyage à Paris ? Légèrement moins nombreux lundi 7 décembre pour la journée professionnelle, leur présence s’est étalée sur toute la durée du salon. "J’essaie de venir tous les deux ans et les attentats ne m’ont pas du tout arrêtée. Je suis très motivée", confie Annick Ferenc, directrice adjointe de la bibliothèque municipale d’Anglet (64). Son programme ? Rencontrer des auteurs pour les faire venir à Anglet, trouver des livres pour la sélection du prix littéraire 1, 2, 3, soleil qu’elle organise avec les classes, acheter des livres pour ses enfants et ses petits-enfants, assister à la conférence de presse annonçant la deuxième édition de Lire en short afin de faire labelliser son opération "Lire à la mer, la bibliothèque des plages".
Moins de libraires
Présente pour la première fois, Ilona Meyer, fondatrice des éditions des Eléphants, s’est familiarisée avec les bibliothécaires, qui lui ont avoué être "reconnaissables à leurs chariots". Natalie Vock-Verley, des éditions Ricochet, a distribué 400 catalogues et présenté les expositions itinérantes et les ateliers d’auteurs de la maison. "Nous avons vu moins de libraires que d’habitude, mais nous avons eu pour la première fois des contacts avec les institutions scientifiques comme La Maison de l’astronomie, Univers science…", se réjouit-elle. "Nous avons reçu davantage de personnels de la petite enfance, on les reconnaît à leur jargon quand ils discutent entre eux", ajoute la libraire Laurence Tutello, du Chat pitre, qui tenait le stand des éditions des Grandes Personnes.
Les rencontres professionnelles organisées par le SLPJ font toujours le plein, des plus pointues comme "Quel(s) espace(s) de jeu pour les bibliothèques ?" aux plus engagées comme "La lecture innovante et solidaire", tandis qu’un public d’étudiants se presse aux conférences sur l’édition, et les éditeurs à celle du Mïce "De la page à l’écran" (les 160 inscrits étaient présents vendredi 4 décembre).
Tous ont montré leur attachement au salon. Ils devraient être au rendez-vous du 32e salon, du 30 novembre au 5 décembre 2016.