Près de deux ans après les attentats de Paris, l’onde de choc continue de s’exprimer dans la production éditoriale française. J’ai lu publie en poche deux témoignages particulièrement médiatisés lors de leur parution à l’automne dernier : Nos 14 novembre d’Aurélie Silvestre (25 octobre), paru en grand format chez Lattès où il s’est écoulé à plus de 20 000 exemplaires, suivi par Médecin du Raid : vivre en état d’urgence de Matthieu Langlois (1er novembre), initialement édité chez Albin Michel (plus de 30 000 exemplaires vendus).
La parole de certains des survivants continue de se libérer, comme celle du rugbyman Aristide Barraud, blessé avec sa sœur devant Le Petit Cambodge et qui livre Mais ne sombre pas (Seuil, 19 octobre), récit d’une renaissance. Depuis sa prise en otage au Bataclan, la réalisatrice Caroline Langlade, une des fondatrices de l’association Life for Paris, s’emploie à "réparer les vivants" et témoigne de ses combats dans Sorties de secours, un essai préfacé par l’ancien président de la République François Hollande (Robert Laffont, 2 novembre). La vie d’Azzedine Amimour a, elle aussi, basculé depuis le massacre de la salle de concert où il a perdu son fils : ce dernier, Samy Amimour, fut le premier des terroristes abattus par les forces d’intervention. Dans Daesh a fait de mon fils un démon (La Boîte à Pandore, 9 novembre), le père raconte son impuissance face à la dérive de son fils, radicalisé depuis 2012.
C’est une analyse philosophique que propose Etienne Balibar avec Dans la guerre (La Découverte, 1er décembre), essai dans lequel l’intellectuel se fonde sur les déclarations du gouvernement français après les attentats du 13 novembre 2015 et y décortique l’idée d’une France en guerre contre le terrorisme.
Enfin, Belin travaille actuellement à un important projet: 13 novembre 2015 : mémoire d’un traumatisme, document collectif fruit d’une enquête portée notamment par le CNRS et réalisée durant plusieurs mois auprès de 1 000 Français qui ont eu une proximité, plus ou moins grande, avec les événements.
Pauline Leduc