Hachette et Google viennent donc d'annoncer qu'ils avaient signé un protocole d'accord «  destiné à fixer les conditions de la numérisation, par Google, des œuvres en langue française indisponibles à la vente dont les droits sont contrôlés par Hachette Livre  ». Fort bien. On apprenait, par ailleurs, il y a quelques semaines, que Google se livrait à des expériences « de conduite automobile sans conducteur » par l'intermédiaire de véhicules ultra-technologisés conçus par la firme de Mountain View. Le rapport entre les deux ? Aucun. Et c'est bien ce qui m'inquiète. L'analyste et conseiller américain en nouvelles technologies Rob Enderle (bon, il s'est souvent trompé, notamment à propos d'Apple, parce qu'il les déteste, mais il a conseillé Google et donc, on peut supposer qu'il sait de quoi il parle) expliquait récemment que «  Google est inondé d'argent et finance plusieurs projets qui ne sont pas directement liés à son champ d'activité principal  ». La conception de véhicules en est un. La distribution électrique un autre. Etc. On a déjà un hyper-président. On va de plus en plus vers le règne de l'hyper-compagnie, façon Big Brother, qui contrôlera nos lectures, aussi bien que notre permis à points, et qui pourra nous couper le courant quand ça lui chantera. Je sais pas vous, mais moi, ça me fait peur. Ah oui ! Et j'ai lu, aussi, que dans ses procédures de recrutement Google posait des questions pour le moins insolites. Du genre : « Combien de balles de golf peut contenir un bus scolaire ? » ou  « Combien y a-t-il d'accordeurs de piano dans le monde ? » Bon, la formule va faire hurler, mais je trouve ces procédés limite fascisant. * Connaissez-vous le site Bibliobs , émanation du Nouvel Obs ? Oui, j'imagine. Un site très bien fait, au demeurant, mais qui a sans doute vocation à exporter notre vie littéraire à l'international. Or, à l'international, on parle anglais, c'est bien connu. Sur Bibliobs, un article n'est pas lu, il est read . Et les lecteurs n'ont pas la possibilité d'ajouter leurs commentaires, mais leurs comments . A l'heure où j'écris ces lignes, le point de vue de Michel Onfray, « Pitié pour Derrida », avait généré 6 396 reads et 16 comments . Le plus drôle, c'est que ça fait un moment que ça dure. Personne n'a donc protesté ? Etiemble, reviens ! Ils sont devenus fous... * Et Danielle Steel ? J'imagine que vous la connaissez également, au moins de nom. Elle est régulièrement abonnée aux meilleures ventes de Livres Hebdo (cette semaine encore : en 30 e position pour Au jour le jour , aux Presses de la Cité). Mais savez-vous qu'une partie, seulement, de son œuvre, a été traduite en France ? 69 livres. Bon, c'est beaucoup, me direz-vous. Surtout si vous détestez la littérature à l'eau de rose. Mais c'est peu, comparé aux 102 livres qu'elle a déjà publiés aux USA. Et aux lecteurs de Time , à qui elle répondait récemment, dans un forum, elle a expliqué qu'elle aimerait bien «  en écrire une centaine d'autres  ». Les libraires lui disent déjà merci. Et à la question de savoir « que pensez-vous de ceux qui disent que vous faites de la littérature commerciale ? », elle a eu cette réponse sublime : « Shakespeare est plus important que tout ce que j'ai écrit. Mais quand je vais me coucher, le soir, avec l'envie de lire quelque chose, je ne lis pas Shakespeare. Je lis des auteurs comme moi, et je suis prête à parier que la plupart des gens font de même. » En voilà une qui ne pratique pas la langue de bois. * Dans mon précédent billet, j'évoquais la figure de Tao Lin, ce jeune écrivain américain « branché » qui promet de faire fureur. Et je précisais qu'il n'était pas encore traduit en France. Plus pour longtemps : Marion Mazauric m'apprend qu'elle a acquis ses droits. Les livres de Tao Lin paraîtront donc Au Diable Vauvert. Bonne nouvelle. Et je suis bien content de savoir que Marion lit ce blog. Avec Juliette Joste, j'ai au moins deux lectrices ! Le début d'un fan club ? Laissez-moi rêver...
15.10 2013

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