A peine décernés, les prix littéraires confirment cette année encore leur impact : le prix Goncourt, Pas pleurer de Lydie Salvayre, se retrouve propulsé à la 2e place des meilleures ventes de romans et s’installe en 4e position dans notre Top 20, toutes catégories confondues. Charlotte de David Foenkinos, prix Renaudot, qui y figurait déjà à la 16e place, se hisse en 7e position, tandis que le prix de l’Académie française, Constellation d’Adrien Bosc, arrive également au 9e rang. On peut aussi noter que le buzz qui a entouré le livre de Kamel Daoud, pour le Goncourt, lui a permis de grimper de la 19e à la 7e place et d’arriver dans le Top 20, même s’il n’a finalement pas été couronné.
Autant de romans qu’on retrouvera au pied du sapin. Mais ils risquent pourtant d’être supplantés par les livres de coloriage pour adultes, un phénomène apparu tranquillement au printemps et qui atteint la folie furieuse. Vendu comme une pratique "anti-stress", colorier serait bon pour le moral. Cette semaine, on compte 11 livres de coloriage parmi les 15 meilleures ventes de livres pratiques. Tout est désormais prétexte à coloriage, l’exposition du peintre japonais Hokusai, une balade dans Paris, l’hiver ou, bientôt, Nicolas Sarkozy.
On pourrait conseiller aux bibliothécaires de se mettre eux aussi au coloriage pour endiguer le stress occasionné par les réductions de budgets de leurs autorités de tutelle. 2015 s’annonce pire encore que 2014, déjà marquée par quelques coupes drastiques. Même si, comme le constate le sociologue Emmanuel Négrier dans nos colonnes, les bibliothèques, considérées souvent par les élus locaux comme un "minimum culturel vital", s’en sortent plutôt mieux que d’autres équipements culturels en période de restriction budgétaire, l’inquiétude grandit. Pour éviter un sort aussi sombre que leurs homologues britanniques, qui ferment les unes après les autres, elles déploient des trésors d’inventivité.
Olivier Chaudenson, lui, vise plutôt le "maximum culturel vital". Comme nous le montrons dans ce numéro, c’est avec une joyeuse ambition qu’il anime depuis deux ans la Maison de la poésie et qu’il organise le festival Paris en toutes lettres dont la nouvelle édition démarre ce 14 novembre avec force concerts littéraires et performances.