Une jeunesse madrilène. Au registre des grands nostalgiques, Mark Greene est, depuis vingt ans et une dizaine de livres, rien moins qu'un maître. Dans Réel Madrid, il fait le récit de sa jeunesse madrilène durant les années 1965-1985 où il vécut la fin du franquisme, l'arrivée de la démocratie et la naissance de la fête dionysiaque que fut la Movida. Ce cosmopolite par essence (nationalité américaine, écrivain français...) nous offre ainsi comme le « Rosebud » de toute son œuvre puisqu'il est bien compris avec Barthes « qu'il n'est pays que de l'enfance ». Est-ce son plus beau livre ? Peut-être, c'est surtout sans doute celui où il s'approche au plus près de sa vérité intime, de ce qui le fonde et le traverse à la fois.
Ce sont donc d'abord des figures et des souvenirs. Une colonne de chars dans une avenue écrasée de chaleur et de silence, la beauté d'Ava Gardner, les corridas sur tous les écrans de télé, une tentative de coup d'État dans la nuit, un célèbre footballeur et voisin discret, le corps de Bing Crosby reposant solitaire dans un funérarium municipal... Une chanson douce qui témoigne d'un pays et d'une ville détachés déjà de leur passé tout en souhaitant le retenir encore un peu. Et sur ces jours passés, les visages infiniment bienveillants des parents de l'auteur : une mère française, un peu inquiète, qui quitta son pays natal pour s'inventer une vie, à Londres et Tanger d'abord, à Madrid ensuite ; un père américain, photographe, reporter, un brin mélancolique, avec qui il est doux de jouer au tennis ou de laisser filer les jours. Avec ce livre magistral, Mark Greene vient de les rattraper.
Réel Madrid
Plein jour
Tirage: 3 000 ex.
Prix: 16 € ; 176 p.
ISBN: 9782370670779