Sitôt offerts, sitôt revendus! Dès le réveillon, les déçus de Noël se sont précipités sur le net pour un cadeau en double ou jugé d'un goût douteux, mettant en évidence un phénomène qui prend de l'ampleur chaque année. Dans un classement établi vendredi par PriceMinister, on retrouve aussi la nouvelle mouture de la franchise du jeu vidéo "Call of Duty" et Le dernier symbole de Dan Brown et le dernier Goncourt, Trois femmes puissantes de Marie NDiaye (Gallimard), parmi les dix objets les plus revendus. PriceMinister cite aussi le tome 34 d'Astérix et obélix et Happy Sex, de Zep (Delcourt).
Vendredi 25 décembre, à la mi-journée, PriceMinister avait 30% d'objets mis en vente de plus qu'au Noël précédent, et 35% d'audience supplémentaire. Son concurrent 2Xmoinscher (groupe Trois Suisses) constatait de son côté un pic de mise en vente, avec quatre fois plus d'annonces que d'ordinaire.
"C'est un tabou qui tombe", confirme Pierre Kosciusko-Morizet, patron de PriceMinister, qui revendique la deuxième place en France en terme d'audience derrière le site d'enchères eBay. "Auparavant, aller dans un magasin pour se faire rembourser un cadeau était un peu difficile. Sur internet, ça prend quelques secondes de mettre un livre en vente", souligne-t-il. Dans son étude annuelle, PriceMinister indique que les revendeurs avaient déjà l'objet offert ou n'en avaient pas l'usage (40%), avaient reçu un cadeau qui ne leur plaisait pas (23%) ou ne voulaient pas le jeter (18%).
« Les produits culturels sont des achats d'impulsion, donc ce sont ensuite des reventes d'impulsion »,
L'émergence de ce phénomène a entraîné un nouveau rapport à la consommation: en faisant les courses de Noël, de plus en plus de consommateurs "intègrent la question de la revente dès l'achat" et conservent les boîtes ou les emballages, souligne un porte-parole du site 2Xmoinscher.
Avec des millions d'objets revendus après les fêtes, se débarrasser de cadeaux tout en empochant de l'argent rentre peu à peu dans les moeurs. Les livres, les CD, les DVD et les jeux vidéo sont les premiers cadeaux à être remis en vente, en particulier ceux qui figurent dans les classements des meilleures ventes ou qui sont placés en tête de gondoles. C'est souvent «le produit-phare de l'année qui en fait ne fait pas tellement plaisir», relève M. Kosciusko-Morizet. « C'est aussi le livre que l'on a fini de lire ou le jeu vidéo dont on a fait le tour. » « Les produits culturels sont des achats d'impulsion, donc ce sont ensuite des reventes d'impulsion », souligne M. Kosciusko-Morizet, dans la mesure où l'on sait tout de suite si on aime ou pas l'objet, ou si on le possède déjà.
La saison de revente ne fait que commencer
Avant les fêtes, plus de quatre internautes sur dix envisageaient de céder en ligne des cadeaux non souhaités, soit 20% de plus qu'en 2008, selon une étude TNS pour le site de ventes aux enchères eBay. Parmi les arguments avancés: gagner de l'argent, mais aussi épargner ou financer les dépenses des fêtes, des éléments liés au contexte de crise. La revente de cadeaux a émergé il y a cinq ans mais a "explosé il y a un ou deux ans, surtout en période de récession", a confirmé Esther Ohayon, porte-parole de eBay.
Pour le leader mondial du commerce en ligne eBay, la saison de revente de cadeaux ne fait que commencer et le pic d'activité devrait être le 14 janvier avec 19 nouvelles annonces chaque seconde.
"Ce chiffre montre que même si les premiers cadeaux de Noël non voulus apparaissent sur le site dès le 25 ou 26 décembre, la période de revente s'étale sur plusieurs semaines, jusquà fin janvier", affirme le cybermarchand.