Entretien

Marie-Christine Conchon, les habits neufs d’Univers Poche

Marie-Christine Conchon - Photo Photo Melania Avanzato

Marie-Christine Conchon, les habits neufs d’Univers Poche

P-DG de la filiale d’Editis, Marie-Christine Conchon brosse le portrait d’un pôle qui, s’ouvrant du poche au grand format et défrichant de nouveaux champs éditoriaux avec des équipes élargies, présente un nouveau profil.

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Par Claude Combet
Créé le 15.05.2015 à 02h03 ,
Mis à jour le 15.05.2015 à 11h33

Univers Poche reste majoritairement un éditeur de poche", réaffirme Marie-Christine Conchon. Mais la P-DG, depuis décembre 2010, de cette filiale d’Editis est à la tête d’un ensemble éditorial (10/18, Fleuve éditions, PKJ, Pocket, Kurokawa - qui fête ses 10 ans cette année - et 12-21) dont la physionomie a sensiblement évolué. De nouvelles équipes ont été mises en place, PKJ et Fleuve éditions ont étendu leur territoire, le numérique et les réseaux sociaux ont pris de l’importance, accompagnant un marché de plus en plus concurrentiel. Avec notamment Pocket, leader sur le segment, le poche représente plus de 50 % du chiffre d’affaires d’Univers Poche et reste la colonne vertébrale d’un groupe "en évolution permanente", selon Marie-Christine Conchon, pour qui l’ensemble compose "un éditeur grand public, présent sur de nombreux segments du marché en fiction et en non-fiction. Nous ne nous interdisons rien", précise-t-elle.

En élargissant leur champ d’intervention, PKJ et Fleuve éditions ont contribué à cette transformation. D’abord dédié au poche jeunesse, PKJ a développé les grands formats depuis quelques années et s’est ouvert aux jeunes adultes, en intégrant notamment la collection "Territoires", parce que "le public de la jeunesse a grandi et le marché a évolué". Editeur, entre autres succès, d’Hunger games (à paraître en poche en juin) et de Labyrinthe, PKJ a choisi de défendre en 2015 les auteurs français Marie Pavlenko, Lorris Murail, Caryl Férey et Stéphane Michaka. De son côté, Fleuve éditions "a fait une mue complète". D’un éditeur de poche populaire dans les années 1950, puis de séries et de licences dans les années 1990, il est devenu "progressivement une maison de littérature blanche et noire, présente dans tous les genres comme la littérature générale avec Gilles Legardinier, le policier et le thriller avec Franck Thilliez, Eric Giacometti et Jacques Ravenne, Nicci French ou encore Peter James. Le catalogue de la collection "Fleuve noir" accueille d’ailleurs cette année de nouveaux auteurs très prometteurs tels que Marie Neuser, Paul Colize et Patrick Sénécal".

770 titres par an

Univers Poche se porte bien. Sans révéler son chiffre d’affaires, Marie-Christine Conchon assure que celui-ci est en croissance et que le groupe "a réalisé une année historique en 2014 et fait un bon début d’année". Sans que ces "bons résultats soient le fait d’un plus grand nombre de nouveautés", souligne- t-elle, la production "maîtrisée depuis plusieurs années" restant stable avec 770 titres par an. "Nous explorons en permanence de nouveaux territoires. C’est indispensable pour un développement durable, plaide-t-elle. Le marché est à maturité. Si l’on veut progresser, il faut être volontaire, avoir des ambitions et des convictions : découvrir les meilleurs auteurs, les meilleurs livres, et trouver leur public".

Les départs d’Emmanuelle Heurtebize de 10/18 pour Stock, de Deborah Druba de Fleuve éditions pour Kero, de Céline Thoulouze (éditrice de la fiction française au Fleuve) pour Belfond, ont amené Marie-Christine Conchon à réorganiser l’ensemble en quatre pôles qui "clarifient l’offre et la stratégie éditoriale" : adulte, poche, jeunesse et numérique. Pour les diriger, elle a joué la mobilité interne. Valérie Miguel-Kraak, directrice éditoriale de Pocket depuis 2012, est chargée du pôle adulte, rassemblant Fleuve éditions et Kurokawa. Carine Fannius, directrice éditoriale depuis janvier 2013, dirige le pôle poche, composé de Pocket et de 10/18. Natacha Derevitsky, directrice éditoriale de Pocket Jeunesse depuis juillet 1999, est à la tête du pôle jeunesse, regroupant PKJ (Pocket Jeunesse) et "Territoires". François Laurent, directeur général adjoint d’Univers Poche, pilote le pôle numérique. De nouvelles éditrices, Christine Scholz, pour la littérature étrangère, et Marie Eugène, pour la littérature française, sont arrivées chez Fleuve éditions. Pragmatique, la P-DG d’Univers Poche reconnaît qu’elle a voulu "l’organisation la plus simple et la plus souple possible à une époque où les choses changent vite, permettant ainsi à chacune des marques d’aller sur tous les territoires".

Le numérique occupe une place importante dans la stratégie du groupe, qui "se doit de représenter les ouvrages de ses auteurs sous tous les formats possibles et dans tous les réseaux". 12-21, la marque dédiée, compte désormais 2 000 titres à son catalogue - versions numériques des titres papier et inédits -, et réalise entre 5 et 6 % du chiffre d’affaires d’Univers Poche. "On constate un palier depuis fin 2014. Je suis convaincue que le marché du numérique va continuer à croître mais à un rythme différent de ce qu’on a pu voir dans les pays anglo-saxons", prédit Marie-Christine Conchon. C’est aussi pour le groupe un lieu d’expérimentation, comme avec A la vie, à la guerre, le journal d’un jeune soldat pendant la Première Guerre mondiale, proposé en feuilleton de 26 épisodes fin 2014.

Un jeu "viral" sur le Net

"Le paysage de la librairie évolue tout le temps. Il faut être créatif en permanence et être très présent sur les réseaux sociaux - nous avons plusieurs animateurs de communauté -, travailler avec les blogueurs, les sites, les plateformes communautaires. Nous avons aussi une chaîne Univers Poche sur YouTube…", déclare la P-DG d’Univers Poche en soulignant leur complémentarité avec les médias traditionnels comme la presse et la radio. Le groupe expérimente beaucoup. Pour le nouveau Franck Thilliez, avancé au mois de juin, Fleuve éditions a proposé un jeu original et "viral" sur le Net : pour pouvoir lire les premiers chapitres, les internautes inscrivent leur code postal, ce qui permet de suivre "l’épidémie" en temps réel sur une carte. L’éditeur a fait un tabac avec 2 700 inscrits en 24 heures. De son côté, Pocket renouvelle à l’automne l’opération avec les Restos du cœur pour laquelle tous les partenaires interviennent gratuitement. Et le groupe, qui a acquis la licence de la nouvelle trilogie Star wars, est dans les starting-blocks : Pocket et PKJ accompagneront en décembre la sortie du premier des cinq films programmés.

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