Nous sommes sous Louis XV, souverain que le chevalier de Volnay, bien qu'il le serve en tant que Commissaire aux morts étranges au Châtelet, et son père Guillaume, moine hérétique, n'estiment guère. D'ailleurs, s'ils rentraient en France, ils auraient sans doute quelques ennuis. Après s'être illustrés à Venise dans le volume précédent de leurs aventures (Le carnaval des vampires, Actes Sud, 2018), les voici en route vers l'Orient, lorsque leur navire est attaqué et envoyé par le fond par les Barbaresques.

Le fils et le père s'en sortent, et abordent, à quelques jours de distance, sur la même île mystérieuse, où règne une magicienne que Guillaume compare à la fameuse Calypso de l'Odyssée. Finalement, Volnay est sauvé, capturé, réduit en esclavage par la charmante et tyrannique Yasmina, qui l'emmène au Caire, où elle vit. Elle est en effet la première dame de compagnie de la princesse mamelouke Nephtys, issue d'une grande famille mais recluse en raison de la couleur sombre de sa peau. Une femme libre, érudite, mystique, et qui, fascinée par l'Egypte des pharaons, se voit parfois en déesse Isis. Dans la maisonnée, il y a aussi Shani, la plus intelligente, une Syrienne chrétienne, et Nour, d'un caractère peu amène. Volnay s'intègre vite à cette curieuse atmosphère, en tant qu'esclave aux mains de femmes aussi séduisantes que redoutables. Quant à son père, Guillaume, envoyé chez la princesse par sa Calypso afin de retrouver son fils, il jouit du statut plus favorable d'invité. Naturellement, les femmes n'ignorent rien de leurs hôtes, de leur sulfureuse réputation, ni des fonctions policières de Volnay. Aussi, lorsqu'on retrouve, dans une chambre, visiblement morts en plein rapport sexuel, les cadavres de Noam, le jeune intendant, issu d'une famille de janissaires, et de la servante Sirine, c'est tout naturellement que les Volnay sont chargés d'enquêter et d'élucider ce double « suicide » scabreux : la jeune fille aurait empoisonné son amant grâce à un gaude mihi, sextoy de l'époque.

Mais les héros vont vite découvrir, entre deux badinages à la manière des Mille et une nuits, la lutte politique féroce que se livrent les mamelouks, anciens mercenaires devenus égyptiens et qui dirigent le pays, et les janissaires, Ottomans envoyés par les califes de la Sublime Porte pour mater cette province bien trop turbulente à leur goût. Il y sera même question d'un plan d'invasion de l'Egypte par la France, imaginé à l'origine par Leibniz. Mais, pour cela, il faudra attendre un certain Bonaparte.