Le rapport Racine sera-t-il aux auteurs ce que le rapport Cahart a été trente ans plus tôt à la librairie ? En janvier 1988, dans le contexte d'expansion de la Fnac et de la grande distribution, le rapport de Patrice Cahart, Le livre français a-t-il un avenir ?, faisait apparaître la librairie comme « le maillon faible de la chaîne du livre ». Il a facilité la fondation de l'Association pour le développement de la librairie de création (Adelc) par quatre éditeurs emmenés par le P-DG de Minuit, Jérôme Lindon, avec le soutien de France Loisirs. Il a entraîné la création en 1990 par le ministre de la Culture Jack Lang de la fonction de médiateur du livre, inaugurée par Patrice Cahart lui-même. Et il a suscité des négociations interprofessionnelles débouchant sur les « accords Cahart », qui fondent encore aujourd'hui les relations entre l'édition et la librairie.

Si l'on en croit Bruno Racine, qui intervient publiquement dans nos colonnes pour la première fois depuis qu'il a officiellement remis, le 22 janvier au ministre de la Culture Franck Riester, son rapport sur L'auteur et l'acte de création, les auteurs sont à leur tour ce « maillon faible ». Après que leur bassin s'est élargi avec la hausse de la production jusqu'au milieu des années 2010, la plupart subissent fortement la contraction du marché du livre qui s'impose depuis dix ans à tous ses acteurs.

L'ancien président de la Bibliothèque nationale de France propose ainsi logiquement, entre auteurs et éditeurs, « un dialogue fondé sur la conscience d'intérêts fondamentaux partagés ». Mais il rappelle aussi que l'Etat a une responsabilité « non négligeable » dans le désarroi des auteurs. N'ayant pas anticipé les conséquences de certaines réformes dont celle de la CSG, il les inquiète avec ses projets sur les retraites. De Franck Riester, qui doit intervenir mardi 18 février sur la condition des auteurs, les auteurs comme les éditeurs attendent d'abord qu'il exprime l'intention de l'Etat de revenir sur les mesures qui l'ont dégradée.

Les dernières
actualités