Gène réprimé. OK, le titre est cohérent. Mais cet « ADN » induit, galvaudé par des années de rapports d'entreprise, condense tellement de codes balisés qu'il en devient encombrant. Il serait néanmoins dommage de s'arrêter à ce frontispice surligné et rater ainsi un roman beaucoup plus digeste et pertinent. Les pages s'avèrent même tendues et sagaces dès lors que l'impulsive photographe Diane Choinière marche sur les plates-bandes de la rigoureuse capitaine Coralie Gignac. Incompatibles, elles unissent pourtant leurs forces et différences pour partir en chasses parallèles. Les prédateurs rôdent et les femmes morflent. Mais voilà que les rôles s'inversent. Et si personne, outre leur malsaine famille, ne pleure les bas du front que l'on retrouve égorgés, il faut bien qu'une enquête s'engage. À l'occasion aérées par les pointes d'humour de Diane, les investigations en question s'orientent forcément vers des culpabilités féminines. Les morts violentes s'enchaînent, les vengeances se dessinent et les pistes convergeront vers ce narrateur intermittent, à la voix off et aux formules dignes de L'aigle noir, vers cette « elle, coupable de ne pas rentrer dans les clous ».

À noter que Louise Oligny anime depuis sept ans, à la Maison des femmes de Saint-Denis, des ateliers d'estime de soi auprès de victimes d'agressions conjugales. Étayé de cette légitimité, ADN féminin tient son rang face au sujet des aberrations domestiques et apporte un crédible témoignage à cette intolérable gangrène.