L’offre légale dissuade le piratage

L’offre légale dissuade le piratage

Une étude comparative sur les téléchargements de livres, de musique et de films souligne l’enjeu d’une offre payante riche et diversifiée pour contrer le téléchargement illégal.

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Par Hervé Hugueny
avec Créé le 10.01.2014 à 08h24 ,
Mis à jour le 07.05.2015 à 18h59

A priori effrayante pour les éditeurs de livres qui se lancent à leur tour dans la diffusion numérique, l’expérience des producteurs de musique pourrait finalement se révéler porteuse d’espoir. Dans ce secteur, la visibilité des plateformes légales dépasse à présent celle de l’offre illégale, selon une étude de l’EMNS (Ecole des médias et du numérique de la Sorbonne) récemment publiée (1). Trois chercheuses ont analysé les résultats de requêtes sur Google portant sur les best-sellers dans le cinéma, la musique et le livre - dans ce dernier cas, la liste de référence est le classement Ipsos/Livres Hebdo des 50 meilleures ventes de l’année 2012. Dans la musique, un internaute cherchant un des 50 singles les plus demandés « trouvera l’offre légale, qu’il oriente sa recherche vers le légal ou, de manière plus surprenante, vers l’illégal », constatent les auteures.

Les trois chercheuses ont imaginé trois types de requêtes : juste sur le titre et neutre ; orientée vers une intention d’achat, donc légale ; ou encore avec la volonté de trouver un contenu gratuit, donc illégale. Elles ont comparé les résultats affichés sur la première page de liens de Google les plus souvent cliqués. Pour le livre, « un tiers du catalogue n’est pas disponible en offre légale pour l’internaute qui oriente sa recherche vers le légal ». Celui-ci trouvera dès lors autant de liens piratés que de sites légaux, bien qu’il indique vouloir accéder à ces derniers. En revanche, s’il oriente sa recherche vers des fichiers illégaux, il trouvera facilement 45 des 50 titres de la liste de Livres Hebdo.

En musique, l’internaute trouvera aussi les versions piratées, mais les liens sont plus éloignés et plus rares dans la page de résultats. Dans le cinéma, où l’offre légale est disponible sur Internet après un délai de quatre mois pour protéger l’exploitation en salle qui fait la carrière d’un film (comme les ventes en librairie pour un livre), la situation est inverse : « plus de la moitié du top 50 n’est pas disponible légalement » pour l’internaute vertueux. En revanche celui qui recherche la version gratuite la trouvera pour 48 des 50 films du classement.

« L’offre légale souffre moins d’un problème de visibilité sur les moteurs de recherche que d’un problème de disponibilité sur les plateformes », résume l’étude qui souligne que l’offre est désormais mieux organisée dans la musique. Pour le livre, Amazon domine largement dans les résultats, selon l’enquête, qui compare aussi la pertinence et la facilité d’utilisation de cinq sites commerciaux et de cinq sites pirates. <

(1) Télécharge-moi si tu peux : musique, film, livre, par Anna Bernard, Mathilde Gansemer, Jessica Petrou, sous la direction de Joëlle Farchy et Cécile Méadel, Presses des Mines, « Les cahiers de l’EMNS », 2013, 15 euros. ISBN : 978-2-35671-057-4.

10.01 2014

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