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Littératures de l’imaginaire : un nouveau pic de production

Pour la lecture, tout doit disparaître - Photo Olivier Dion

Littératures de l’imaginaire : un nouveau pic de production

Une enquête de l’Observatoire de l’imaginaire s’est penchée sur les tendances du marché des littératures SF, fantasy et fantastique. Malgré une légère baisse des ventes – avec de fortes disparités selon les segments – la production a atteint un nouveau pic en 2022. Le lancement régulier de nouvelles collections témoigne également du dynamisme d’un secteur dans lequel le patrimoine reste cependant roi.

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Par Charles Knappek
Créé le 24.11.2023 à 08h07

Né en 2018 à la suite des États généraux de l’imaginaire, l’Observatoire de l’imaginaire passe régulièrement au crible l’évolution du marché des littératures SF, fantasy et fantastique. Ces trois genres ont généré 59 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022 selon les données Gfk fournies dans un communiqué.

Dans son édition 2023, l’Observatoire de l’imaginaire relève plusieurs tendances fortes : après une croissance régulière depuis 2018 et malgré le creux « Covid » de 2020, les ventes ont, pour la première fois, fléchi en 2022. En valeur, le marché reste néanmoins sur une progression de 23,5 % par rapport à 2018, rappelle l’étude.

De manière plus structurelle, le rayon repose plus que jamais sur une poignée de best-sellers, le plus souvent des livres du fonds. Le Top 10 représentait ainsi à lui seul 17 % des ventes en 2021 tandis que le marché dans son ensemble repose à 51 % sur les ventes du fonds. À ce titre, les livres de poche comptent pour 70 % des volumes vendus (et 47 % en valeur).

Quasi doublement de la production depuis 2000

Mais la concentration des lecteurs autour des valeurs sûres n’empêche pas les éditeurs de proposer toujours plus de nouveautés. Selon l’Observatoire, qui s’appuie sur les éléments compilés par La banque de données de l’imaginaire (BDFI) et NooSFere, la production a atteint un pic en 2022 avec quasiment 1 400 nouveautés (80 % de romans et novellas), contre « 800-900 » en 2000. Les inédits représentent un peu plus de la moitié de ces nouvelles parutions (80 % de grands formats et 20 % de poches), dont environ 50 % des auteurs sont francophones. « On traduit donc encore beaucoup », signale l’Observatoire.

Autre enseignement, les autrices sont désormais majoritaires. Elles représentent 53 % des livres publiés en 2022, contre 40 % en 2017, avec une surreprésentation dans les genres de la fantasy et du fantastique. Cette progression ne s’est toutefois pas retrouvée dans les festivals, où les auteurs masculins restent majoritairement invités. De la même manière, parmi une vingtaine de prix francophones de l’imaginaire étudiés, une majorité de prix ont été attribués à des auteurs (58 %) plutôt qu’à des autrices (42 %).

Côté médiatisation, l’imaginaire continue de pâtir d’un manque de visibilité dans les médias généralistes. Seuls 4 % des articles sont consacrés aux littératures de genre, avec une prime à la SF (44,8 %), devant le fantastique (33,5 %), la fantasy (15,6 %) et les titres hybrides (6,1 %). Il est aussi à noter qu’entre un quart et un tiers de la production d’imaginaire est publié par des éditeurs généralistes, le reste paraissant chez des maisons spécialisées ou au sein de collections spécialisées chez des éditeurs généralistes.

Nouvelles collections

À ce titre, plusieurs collections dédiées à l’imaginaire ont récemment vu le jour comme « Pygma » (J’ai Lu) ou « Olympe » (Madrigall), tandis que « Chimères » sera lancé début 2024 chez Christian Bourgois. Au Seuil, un label incluant de l’imaginaire est également annoncé.

L’Observatoire relève a contrario le dynamisme de la scène littéraire avec la création de six nouveaux festivals en 2022 et 2023 : Faërix (Rixheim, 68) ; Les Dragoniales (Rion des Landes, 40) ; Sirennes (Rennes, 35) ; Ouest Hurlant (Rennes, 35) ; Étrange-Grande (Hettange-Grande, 57) et Fenrir (Liffré, 35).

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