Dans le schéma du couple hétérosexuel traditionnel, popularisé par les vaudevilles ou le cinéma, c’est l’homme qui est infidèle, et la femme jalouse, inquisitrice, qui finit par lui faire avouer sa trahison, au risque de détruire leur relation. Chez Hélène Couturier, le point de départ d’Il était combien de fois est exactement inverse : c’est Jo le Catalan, un statisticien avec qui elle vit depuis douze ans à Barcelone, avec qui elle se trouve bien, apparemment, et dont elle aime le côté câlin, qui pose un jour à Mathilde, et avec insistance, la question fatidique : "Combien de fois tu m’as trompé ?" Au début, elle élude, essaie de gagner du temps en prenant l’affaire à la légère. Mais le garçon persiste, et elle devine qu’il y a anguille sous roche. Elle finira par lui faire avouer qu’il a rencontré une autre femme, pour qui il la quittera. Mais, auparavant, elle se sera enferrée dans ses demi-confidences, ses mensonges. Elle aurait eu quatre amants, seulement. "Mais combien de fois as-tu fait l’amour avec chaque ?" exige alors de savoir Jo, sachant que sa compagne ne couche jamais une seule fois avec le même homme, s’il lui plaît.

Après la rupture, Mathilde va tenter de s’étourdir, de faire la fête, et de rencontrer d’autres garçons. Las, Valentin, le "sublime" rasta martiniquais, l’endoctrine plutôt que de la "baiser". Quant à Avi, le barman israélien, il cherche le grand Amour… Raté. La cougar, qui se conduit comme "un mec macho", est "infidèle par amusement" et "superpose les relations", va se retrouver toute seule : le temps d’écrire ce roman-confession vif et décalé, qui rompt avec pas mal de codes et de tabous. J.-C. P.