En toute transparence. Bien que ce nouveau roman de Lilia Hassaine, son troisième depuis L'œil du paon (Gallimard, 2019), se présente comme une fiction située dans le futur, en 2049-2050, on ne peut s'empêcher d'y relever un certain nombre de références à notre époque actuelle, et surtout à ses travers, de plus en plus inquiétants surtout s'ils deviennent la norme. La transparence absolue, par exemple, élevée en dogme mis en œuvre par les architectes, au mépris de toute intimité ; la délation générale, avec les réseaux sociaux qui s'érigent en tribunaux et les milices en justiciers ; la ghettoïsation complète de la société, entre zones riches comme Paxton, middle class comme Bentham, là où vit l'héroïne et narratrice, Hélène, « gardienne de protection » (on ne dit plus « policier » dans cette société de la fausse bienveillance et du politiquement correct), ou encore les « quartiers », comme les Grillons, terres de non-droit livrées à elles-mêmes.
Or, ce n'est pas aux Grillons, cette fois, qu'Hélène et son binôme Nico, lourdingue mais efficace, vont être amenés à enquêter, mais à Paxton, sur la disparition soudaine d'une famille apparemment sans souci, les Royer-Dumas : Miguel, Rose, et leur fils Milo. Seuls les corps des parents seront retrouvés. Où est passé le gamin, qui a tué ses père et mère, pourquoi ? Questions auxquelles Lilia Hassaine finira par fournir les réponses, mais après bien des détours, des fausses pistes, et le passage en revue d'une ribambelle de personnages avec chacun des relations compliquées. Panorama, c'est ça. Et ça fait froid dans le dos, car nos démocraties en crise n'en sont, hélas, pas si éloignées.
Panorama
Gallimard
Tirage: 22 000 ex.
Prix: 19 € ; 350 p.
ISBN: 9782073035059