"Il est incroyable que la perspective d’avoir un biographe n’ait fait renoncer personne à avoir une vie" (Cioran). Tout dépend du biographe. Quant à avoir une vie, quels qu’aient été les portraits plus ou moins ressemblants, Vadim, cinéaste, metteur en scène, scénariste, auteur et… play-boy, n’a certainement pas renoncé. A sa mort en 2000, la fille de Vadim Plémiannikov, alias Roger Vadim, né en 1928, réunit sur un cliché les cinq "veuves" de celui qui incarna "le plaisir sans remords", la périphrase qu’a choisie Clément Ghys pour titre de la biographie qu’il dédie au légendaire hédoniste. Sur la photo prise par Vanessa Vadim : sa mère, Jane Fonda, Marie-Christine Barrault, sa dernière belle-mère, Catherine Schneider, propriétaire de la villa de Saint-Tropez où a lieu la scène, Annette Stroyberg et Brigitte Bardot qui interpréta la scandaleuse Juliette dans Et Dieu… créa la femme (1956). L’intérêt de cette nouvelle bio de Vadim vient du fait que son auteur est un jeune homme (le journaliste à M est né en 1985) qui n’a pas vécu l’époque, mais la sublime avec lucidité et imagination : "Roman national, roman culturel, roman d’aventures. Ai-je d’autres choix que de m’y jeter et d’en être un lecteur ? D’accord mais à condition d’en déchirer les pages, et d’en faire des avions."
Virées en Ferrari ou à bord d’un Riva Aquarama dans la baie de Saint-Tropez, Saint-Germain-des-Prés, Cannes… On revit les vertiges du "réalisateur qui a permis à la Nouvelle Vague d’embrayer son moteur" et qui sut, un jour de juillet 1937 où son père, diplomate français d’origine russe, s’effondra à table, que "le bonheur peut ficher le camp à chaque instant". S. J. R.