Heureux qui, comme Roufeyil Harbini, aussi appelé Raphaël ou Raffaello Arbensis, son nom européanisé, a fait de bien beaux et nombreux et aventureux voyages à travers tout le monde connu de son époque ou presque, le XVIIe siècle, et puis est revenu chez lui, au Mont-Liban, plein d'usage et raison, vivre entre les siens le reste de son âge. Il est décédé parmi ses enfants, ses oliviers et ses chevaux, en 1674, à l'âge de 56 ans, après avoir échappé maintes fois à la mort.
Notamment à Vérone, lors d'une rixe pour les beaux yeux de Patricia Sarti, dont il était épris depuis toujours, mais qui s'était entre-temps mariée. Raffaello a failli y passer, n'y laissant, au final, qu'un bras. Le droit. Il a dû tout réapprendre de l'autre main, surtout à écrire.
Ce Maronite, envoyé à Rome par les siens à l'âge de 13 ans tellement il était prometteur, et qui devint l'un des esprits les plus éclairés de son temps, auteur d'un Traité sur l'histoire humaine publié chez Elzevier en 1653, figurerait sur un tableau de Rembrandt, connu à Amsterdam dans les années 1650, et se serait vu consacrer une courte notice dans le Dictionnaire du Collège maronite de Rome. Il méritait plus et mieux. Voici l'astronome amateur étoile d'un roman brillant, enlevé, picaresque, en 73 brefs chapitres où l'on a l'impression que l'auteur, son compatriote Charif Majdalani, a connu son héros. A moins qu'il ait tout inventé. C'est le miracle de la littérature.
Des vies possibles
Seuil
Tirage: 8 000 ex.
Prix: 16 euros ; 192 p.
ISBN: 9782021413144