L'espoir noir

Audrey Célestine Photo © Ed Alcock / M.Y.O.P. 25/6/2020 Audrey CŽlŽstine, author and lecturer in political sociology and American studies at the University of Lille. Photo © Ed Alcock / M.Y.O.P. 25/6/2020 - Audrey CŽlŽstine / Ed Alcock / M.Y.O.P. - Photo Ed Alcoc /M.Y.O.P. 2020-L'Iconoclaste

L'espoir noir

En une soixantaine de portraits, l'historienne Audrey Célestine revient sur plusieurs générations de femmes noires qui se sont battues pour leurs droits et contre la discrimination.

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Par Kerenn Elkaim
Créé le 23.10.2020 à 11h07

Après s'être intéressée à la fabrique de l'identité culturelle et politique des minorités caribéennes à Paris et à New York (La fabrique des identités, Karthala, 2018), l'historienne spécialiste des États-Unis et des populations noires en France Audrey Célestine revient avec Des vies de combat. Cette galerie d'une soixantaine de passionnants portraits de femmes noires révèle une bataille méconnue, qui se poursuit toujours à ce jour. Un livre qui, soutient-elle, « n'est pas une histoire des femmes noires ». Il s'agit plutôt d'étudier leur stigmatisation et la façon dont elles ont essayé de s'en émanciper, tout en luttant contre le racisme, les discriminations et l'injustice. Ces parcours de vie compliqués ont parfois dévoré la vie privée. Certaines de ces femmes sont célèbres, comme Toni Morrison ou Aretha Franklin, d'autres sont plus méconnues, telle Harriet Tubman, « la Moïse noire ». Dans sa préface, l'actrice Aïssa Maïga écrit que désormais « les femmes noires se rendent visibles et audibles », or il reste encore un long chemin à parcourir. « Entre les pionnières et nous, je vois la certitude d'un combat dont nous nous devons de continuer à dessiner les contours. Jusqu'à l'égalité réelle. »

Des vies de combat. Rosa Parks- Photo L'ICONOCLASTE

Cet ouvrage s'ouvre à la fin du XIXe siècle, avec l'envie de « vivre libres ». Un rêve alors encore difficilement accessible en raison des stigmates de l'esclavage. C'est sans compter sur les « défricheuses », auxquelles l'auteure rend hommage.

« Leurs écrits, leurs actions impriment l'histoire, même si ces femmes demeurent souvent les grandes oubliées des livres officiels. » Qualifiée « d'ordinateur en jupe » de la Nasa, Katherine Johnson estime « n'avoir jamais eu de sentiment d'infériorité ». Si l'ethnographe Ina Césaire est persuadée que « c'est le monde féminin qui assume la survie de la société », Jamaica Kincaid se construit entièrement seule. « Quand j'écris, je ne suis pas noire. Je suis cette personne qui se bat pour être libre. »Avec l'arrivée des afroféministes, on perçoit de nouveaux mouvements, ancrés dans une société en perpétuelle évolution. À chacune d'y trouver sa place et sa voix.

Des vies de combat. Angela Davis- Photo L'ICONOCLASTE

Cette « encyclopédie aérienne » se lit comme un superbe roman militant, d'une grande intensité et universalité.

Audrey Célestine
Femmes, noires, libres et inspirantes : 60 vies de combat
l’Iconoclaste
Tirage: 7 500 ex.
Prix: 22 € ; 304 p.
ISBN: 9782378801632
Des vies de combat. Billie Holiday- Photo L'ICONOCLASTE
Des vies de combat. Simone Biles- Photo L'ICONOCLASTE

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