Fiction imaginée autour de trois monuments de l'histoire de l'art moderne, Un été à l'Islette, le deuxième roman de Géraldine Jeffroy après Soutine et L'écolier bleu (éditions Fondencre), fait revivre l'intimité d'un ardent moment de création dans le château tourangeau de l'Islette dans la vallée de l'Indre où les deux amants terribles Auguste Rodin et Camille Claudel viennent installer leur atelier au début de l'été 1892. Vue à travers le témoignage-confession d'Eugénie, une jeune Parisienne, fille d'artisans-chapeliers embauchée comme préceptrice de Marguerite, la petite fille de la propriétaire âgée de six ans, « Mademoiselle Camille » se débat dans un corps-à-corps avec ce qui deviendra l'un de ses chefs-d'œuvre : La valse. La direction des Beaux-Arts a jugé que ses deux danseurs étaient « trop nus et trop rapprochés » dans sa première version en plâtre. Tandis que Rodin, sculpteur déjà en vue et dont les brefs séjours au château déclenchent des crises orageuses dans le couple, fait poser nu un voiturier du coin pour trouver la silhouette du futur Balzac, commandé par la Société des gens de lettres. A distance, Debussy, qui travaille quant à lui sur son Après-midi d'un faune inspiré de Mallarmé, correspond avec son amie, autour de « leurs vies d'artisans, un peu penseurs tout de même, mais de vrais galériens ». De cet été de bascule, ici en partie délicatement romancé, naîtra aussi l'émouvant portrait de Marguerite, La petite châtelaine ou La petite de l'Islette. Véronique Rossignol
Un été à l'Islette
Arléa
Tirage: 2 000 ex.
Prix: 17 euros ; 144 p.
ISBN: 9782363082015