La dernière sensation étrangère de la saison nous vient des Etats-Unis. Actes Sud, son éditeur français, présente La constellation du chien comme « une version solaire de La route de Cormac McCarthy ». L’auteur en question, Peter Heller, dispose d’un CV parfait, mentionnant qu’il a tour à tour été « plongeur, maçon, bûcheron, pêcheur en mer, moniteur de kayak, guide de rivière et livreur de pizzas ». Ajoutons que la traduction de son coup d’essai est assurée par Céline Leroy (dont le nom est déjà apparu dans des livres de Leonard Michaels, Rachel Cusk, Don Carpenter ou Aimee Bender), gage de qualité.
« Je ne suis pas vieux, je ne suis plus si jeune. Dans le temps, j’aimais pêcher la truite plus que tout au monde ou presque », déclare le narrateur. Hig a 40 ans, il est un survivant. Des truites, il n’y en a plus dans le coin du Colorado où il stationne. Neuf ans plus tôt, la grippe a tué presque tout le monde dans la plaine, avant que la maladie du sang ne prenne le relais. Melissa, sa femme, une « hippy à l’ancienne » avec laquelle il habitait au bord du lac de Denver, a fait partie des victimes.
Jadis, Hig construisait des maisons. Il a aussi écrit un petit recueil de poésie que personne n’a lu, des papiers pour des magazines. Désormais, il a pour compagnon Jasper, un bouvier australien au formidable odorat. Son voisin, Bangley, est un fou de la gâchette qui ouvre facilement le feu et qui lui a déjà sauvé la peau. Dans les parages, on trouve aussi des familles de mennonites qui respectent la distance de cinq mètres.
Hig répare leur pompe, leur explique comment utiliser un filet à poissons pour la rivière. Lui a transformé un kayak en traîneau, chasse les lapins, les chevreuils. Dispose d’une ration de Coca, d’huile, de bois de chauffage. Ce qu’il préfère, c’est voler dans les airs à bord d’un Cessna 182 quatre places de 1956. Sauf que la violence peut ressurgir d’un instant à l’autre… Très étonnant et réussi, La constellation du chien marque indéniablement l’entrée en jeu d’un auteur à suivre.
Al. F.
