Après un premier roman remarqué, Le cercle des femmes, paru en septembre 2014, "coup de cœur" des librairies Cultura et Fnac, et, du coup vendu, selon son éditeur, à 23 000 exemplaires, Sophie Brocas récidive avec ce Camping-car, qui peut être considéré comme le deuxième volet d’un diptyque. Après avoir tenté, vaste programme, d’explorer la psychologie féminine à travers un secret de famille courant sur trois générations, la voilà qui s’intéresse à la psychologie masculine, non moins vaste sujet d’étude. A travers les histoires croisées, emberlificotées de trois amis de toujours.
Jeannot, machiniste de bus vivant à "Issy les Moul’", est un rockeur, amateur de calembours, un peu anar, célibataire convaincu, mais qui n’est pas insensible au charme d’Adeline, la toiletteuse de Tony, son labrador tripode. Il est l’heureux propriétaire d’un camping-car Rapido, grâce auquel il va véhiculer ses deux potes, Alexandre et Francis, dit Moz, jusqu’en Belgique, se taper un gueuleton chez leur ami Emile, tout en écoutant les leçons féministes de sa femme Cléa. Car nos amis, déjà ou bientôt sexagénaires, ont encore des soucis, des émois d’adolescents, des élans (souvent maladroits) envers les filles, jeunes et jolies de préférence. Les soixantièmes rougissants, en quelque sorte.
Alexandre, ex-gauchiste devenu haut fonctionnaire, "hors cadres" après un infarctus, est marié à Dolores, une psy qui passe plus de temps dans son association féministe qu’à la maison. Ils ont eu par hasard, un fils, qui vit au loin. Le couple se délite. Alexandre vit une passion torride avec Psylvia - merci Maxime Le Forestier, l’un des artistes d’une riche BO, avec Pink Floyd, les Beatles, Police ou Véronique Sanson -, de vingt-cinq ans sa cadette. Mais la jeune femme exige qu’il quitte tout et lui fasse un enfant. Sautera-t-il le pas ? Dolores, au courant, lui a aussi fixé un ultimatum.
Quant à Moz, ainsi surnommé parce que, fan d’opéra, il est machiniste dans les sous-sols de celui de Paris, il vient d’être licencié, n’ose pas l’avouer à ses amis, et craint de finir SDF. Sa mère, volatilisée depuis quarante-neuf ans, qui réapparaît subitement et avec qui il va devoir accomplir un long travail de réconciliation, va-t-elle le tirer de ce mauvais pas ?
On se doute bien, puisqu’il s’agit d’une comédie sentimentale, que tout s’achèvera bien. Les situations sont amusantes, les personnages attachants, les dialogues enlevés, la problématique universelle. Cela ferait une excellente comédie à la française, façon Le cœur des hommes, pour un samedi soir sur FR3. J.-C. P.