Loin de tenir ses promesses, le marché du numérique reste encore balbutiant. Cela n’empêche pas certains acteurs d’anticiper un décollage perçu comme inéluctable. Si le Petit Futé, très offensif avec le lancement de la collection "Ebook Futé" (lire encadré ci-contre), propose déjà l’intégralité de ses titres en version numérique - l’ebook est même offert avec le guide papier -, les autres éditeurs sont encore loin d’investir aussi massivement. Plutôt que de proposer une solution ebook, National Geographic annonce un partenariat d’envergure avec TripAdvisor. L’éditeur et le site de notation de services touristiques lancent un site dédié accessible grâce à un code inséré dans les guides papier. Le lecteur bénéficie alors d’une offre complémentaire d’informations pratiques régulièrement remises à jour. "C’est un partenariat sur lequel nous allons beaucoup communiquer via des campagnes d’emailing et de l’achat d’espaces dans les titres du groupe Prisma, annonce Françoise Kerlo, directrice éditoriale de National Geographic et de Geo France. Les guides National Geographic ont un caractère culturel. Grâce à TripAdvisor, nous en renforçons l’aspect pratique."
Plus circonspect, Hachette Tourisme s’appuie sur Routard.com pour inciter les internautes à acheter ses guides, qui sont encore très peu proposés en version numérique (la collection "Un grand week-end" essentiellement). "Le marché n’est pas encore prêt, estime Nathalie Pujo, la directrice éditoriale. Les offres existantes, surtout au niveau de la cartographie, n’atteignent pas une qualité satisfaisante." Un sentiment partagé par Line Karoubi, chez Gallimard Loisirs, qui préfère concentrer ses actions sur la vingtaine d’applis SmartCity week-end. "Aujourd’hui, nous sommes dans une situation d’attente avant de savoir où aller en termes de langage technique et de forme", résume la directrice générale. L’approche est identique chez Michelin qui, pour la première fois en 2013, a inséré dans ses guides des QR codes ouvrant accès à des applications. Mais concernant les livres numériques stricto sensu, "le marché n’est pas encore mûr", confirme Paul Carril, directeur de la cartographie et des guides.