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Les meilleurs ennemis de la lecture dans les pays hispanophones

Mario Vargas Llosa

Les meilleurs ennemis de la lecture dans les pays hispanophones

Au 6e congrès international de la langue espagnole, qui se tient du 20 au 23 octobre à Panama, les spécialistes appellent à  transformer l’approche de la lecture pour sauver le livre en terres hispanophones.

Par Souen Léger,
avec El Pais Créé le 23.10.2013 à 12h22

Cette semaine, à l’occasion du 6e congrès international de la langue espagnole, quelque 200 écrivains, éditeurs, et universitaires s’interrogent sur l’avenir du livre dans le monde hispanophone, rapporte El Pais. Réunis dans la capitale du Panama du 20 au 23 octobre, les experts tirent la sonnette d’alarme : le livre, papier ou numérique, ne survivra que s’il existe suffisamment de lecteurs.
 
Or, les statistiques révèlent des niveaux de lecture plutôt bas. En Amérique latine, un habitant lirait en moyenne entre deux et cinq livres par an, contre 10 en Espagne. Dans ce pays européen, la lecture n’est pas devenue une habitude courante. En effet, seuls 63% des Espagnols disent lire au moins un livre par an. "Il n’y a jamais eu de structures consacrées à la lecture. Les réseaux de bibliothèques existent depuis peu", déplore Antonio María Ávila, directeur de la Fédération des éditeurs espagnols (FGEE).
 
Mais les raisons de cette faible pénétration du livre dans les foyers hispanophones sont multiples. Si la pauvreté explique en partie ce phénomène, l’action des gouvernements, l’édition et les méthodes éducatives sont également pointées du doigt.
 
"Les meilleurs ennemis de la lecture sont l’école et l’édition"
 
"Le développement et la promotion de la lecture doivent se dépouiller de l’argument utilitaire. Lire est un plaisir, et c’est cela que l’on doit transmettre", assure l’écrivain colombien William Ospina, responsable de la présentation du rapport "Livre, lecture et éducation". « Les meilleurs ennemis de la lecture sont l’école et l’édition », assène-t-il.
 
Car l’édition est accusée de ne pas suffisamment s’investir. "Loin de miser sur un développement significatif du marché et la création de nouveaux lecteurs, elle compte sur les achats de l’Etat, notamment ceux qui sont liés aux programmes scolaires", analyse José Carreño Carlón, le directeur du Fonds de culture économique du Mexique (FCE).
 
Pour valoriser la lecture, les acteurs du monde du livre appellent donc à une collaboration renforcée entre gouvernements et éditeurs, afin de travailler sur une meilleure pédagogie ainsi que sur l’offre de titres.

Le numérique, une chance ou une menace ?
 
Les débats de cette édition 2013 ont par ailleurs abordé les questions liées au défi posé par le développement des nouvelles technologies, qui gagnent du terrain sur le support papier.
 
Si certains y voient une redéfinition du livre qui ouvre de nouvelles opportunités, notamment auprès du jeune public, d’autres fustigent une évolution néfaste. "Il faut faire tout ce qui est possible pour que le livre papier ne disparaisse pas", a déclaré Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature en 2010.

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