29 AOÛT - ESSAI France

Olivia Resenterra a sondé la littérature et le cinéma pour tirer quelques portraits de Femmes admirables et fatales par qui le drame arrive, autrement dit des mégères.

Ces mégères représentées, apprivoisées dans ces portraits acides comme des eaux-fortes, nous font traverser les époques, de Lady Macbeth à la Maureen Johnson Tarnopol dans Ma vie d'homme de Philip Roth. Le trait est précis, le propos inattendu et le style réjouissant. Un exemple ? Voici ce que l'auteure nous dit de Mme Fichini, la mère de Sophie, la petite fille qui a bien des malheurs chez la comtesse de Ségur. "Ce simple nom vaut mieux qu'un long discours. Impossible de ne pas retrousser les lèvres en le prononçant, comme si l'on goûtait un fruit trop acide."

Sur ces 27 figures, les textes les plus longs sont consacrés à deux personnalités qui ne sont pas des fictions : Maria Schneider pour la scène de la "sodomie au beurre" dans Dernier tango à Paris et Ingrid Betancourt, l'ex-otage des Farc, qui a tendance à représenter la Colombie comme dans Tintin et les Picaros.

Olivia Resenterra n'est pas tendre avec l'auteure de La rage au coeur et de Même le silence a une fin, à qui elle reproche de tresser ses propres louanges à longueur de livres avec des postures de sainte et de martyre. On voit bien où se cache le côté mégère, qui fut révélé par son ancienne amie, Clara Rojas, elle aussi détenue par les Farc. Mais pour Maria Schneider ? Olivia Resenterra justifie sa présence aux côtés de la fiancée de Frankenstein ou de Cruella par une déclaration faite lors d'un festival. "Dans le scénario original du Tango, mon rôle devait être interprété par un garçon, ce qui évidemment change tout. Ils n'ont pas osé." Assez vache en effet pour Brando et Bertolucci.

Avec humour et finesse, Olivia Resenterra renverse l'image trop conventionnelle de la femme dans la fiction. Elle montre que, lorsqu'elles sont garces, ces femmes vont souvent beaucoup plus loin que les hommes, en les entraînant même quelquefois du côté de l'enfer. Voilà en tout cas, dans la collection "Perspectives critiques" dirigée par l'anticonformiste Roland Jaccard, une jubilatoire promenade féminine dans l'imaginaire littéraire et cinématographique.

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