Les éditions du Moment font l'objet de deux assignations pour diffamation, l'une de la part de Valérie Trierweiler au sujet de La Frondeuse de Christophe Jakubyszyn et Alix Bouilhaguet, paru en octobre 2012, l'autre de la part de la maire (UMP) d'Avignon, Marie-Josée Roig, au sujet du livre de Marie-Célie Guillaume, Le monarque, son fils, son fief, paru en mai 2012.

Marie-Josée Roig, a déposé une plainte pénale le 27 août au tribunal de Paris pour diffamation visant l'éditeur et l'auteur du livre, s'estimant «identifiable» dans un passage qui narre une aventure entre un personnage fictif ressemblant à Nicolas Sarkozy et une élue, a appris l'AFP jeudi auprès de l'un de ses avocats.

L'ex-députée «nie les faits» mais «des éléments du passage la désignent comme telle», dans l'ouvrage écrit par Marie-Célie Guillaume, ex-directrice de cabinet de Patrick Devedjian, a expliqué à l'AFP Me Julien Fournier. Après la sortie du livre, «dans les médias et sur internet, on l'a aussi désignée comme telle», a ajouté Me Fournier.

Dans cette fable à clés, le passage litigieux évoque une femme, maire d'une ville «de 150 000 habitants» avec des remparts, qui aurait accordé une faveur sexuelle au personnage, un «Monarque» très largement inspiré de Nicolas Sarkozy. Des détails ne correspondent toutefois pas à la ville d'Avignon, qui ne compte que 90 000 habitants et possède déjà un musée.

«Je suis étonné de la démarche, parce que cette personne n'était pas particulièrement reconnaissable dans cette description», a affirmé à l'AFP le directeur des éditions du Moment, Yves Derai. «Ce personnage de Madame de P. a amusé un peu les gens qui se sont mis à jouer un peu avec sur internet. C'était une espèce de jeu qui consistait à faire des élucubrations au sujet de ce personnage qui a fait fantasmer la toile. C'est une fable donc, il y a une distance avec la réalité», a-t-il ajouté.

Si l'ouvrage a rencontré un succès certain en librairie, il a provoqué un tollé au sein du Conseil général des Hauts-de-Seine. Son président Patrick Devedjian avait dû mettre fin aux fonctions de Marie-Célie Guillaume, à la demande de plusieurs élus.

Par ailleurs, Valérie Trierweiler a de nouveau assigné les éditions du Moment pour diffamation, vendredi 11 janvier, a indiqué Yves Derai à Livres Hebdo. La compagne du chef de l'Etat avait assigné une première fois en novembre l'éditeur et les auteurs de La Frondeuse pour diffamation et atteinte à la vie privée, réclamant 80 000 euros de dommages et intérêts et 5 000 euros de frais de justice.

L'audience du 10 décembre 2012 au Tribunal de grande instance de Paris n'avait pas abordé le fond du dossier. Seuls des «moyens de nullité», portant notamment sur les délais de citation, avaient été soulevés par la défense, qui a demandé l'annulation de l'assignation des auteurs et de l'éditeur du livre. Sur ces moyens, le tribunal avait mis sa décision en délibéré jusqu'au 28 janvier.

«Il est extraordinaire que l'on réassigne une deuxième fois, avant même la décision du tribunal», a déclaré l'avocat de l'éditeur, Me Olivier Pardo, joint par Livres Hebdo. «La compagne du président de la République a préjugé de la décision du 28 janvier, à moins qu'elle n'ait eu des informations sur la décision à venir.» Selon lui, la nouvelle assignation concerne les mêmes passages du livre. «Elle assigne toujours pour diffamation, mais l'atteinte à la vie privée a disparu. La référence au fait que Mme Trierweiler était une personnalité «parapublique» a disparu, de même que les lettres de François Hollande et de Manuel Valls», a-t-il expliqué. Mme Trierweiler réclamerait à présent 40 000 € de dommages et intérêts.

Contactée par Livres Hebdo, l'avocate de Mme Trierweiler, Me Frédérique Giffard, n'a pas donné suite au moment de la publication de cet article.