Le rapport de Pierre Assouline sur « La condition du traducteur », que l'écrivain et critique littéraire vient de remettre au Centre national du livre, n'a pas encore été diffusé, mais Antoine Gallimard, président du Syndicat national de l'édition, et Olivier Mannoni, président de l'Association des traducteurs littéraires de France sont tombés d'accord pour reprendre des discussions professionnelles qui n'avaient pas eu lieu depuis 1993.
Les relations entre éditeurs et traducteurs se sont dégradées depuis plusieurs années et une crispation s'est installée autour des questions de rémunération des traducteurs et d'une demande de reconnaissance mutuelle. « Dans la mesure où la situation du traducteur n'a pas évolué économiquement et financièrement depuis 15 ans, elle a régressé », a constaté Pierre Assouline, samedi 19 mars au Salon du livre devant une assemblée de près de 250 personnes, essentiellement composée de traducteurs et d'éditeurs. « On a assisté à une précarisation de la profession, alors que nous n'avons jamais été aussi demandeurs de traductions.... »
Trouver des accords
Antoine Gallimard, président du SNE, s'est dit « tout à fait d'accord pour que cette rencontre ait lieu. » « La rémunération s'est détériorée, il faut qu'on l'étudie. L'économie générale du livre s'est également modifiée. Les coûts deviennent plus élevés. Le système de péréquation est de plus en plus mis en cause. Nous devons trouver des accords avec le CPE, avec la SGDL car on est dans une solidarité d'une chaîne. Ce serait idiot qu'on ne se comprenne pas. »
Le rapport de Pierre Assouline, rédigé au terme d'une enquête d'un an et demi, porte non seulement sur ces questions de rémunération et de reconnaissance, mais aussi sur la question de la formation (prédominance des anglicistes, connaissance du monde de l'édition), des aides à la traduction, des abus et des relations entre éditeurs et traducteurs.
Jean-François Colossimo, président du CNL, a proposé que la rencontre entre le SNE et l'ATLF se fasse sous les auspices du CNL. Le rapport avait été commandé à Pierre Assouline par son prédécesseur, Benoît Yvert, suite à une demande de l'ATLF, afin de « remettre à plat des conditions de vie, parfois de survie, des traducteurs en France », a rappelé Pierre Assouline.