Après Napoléon, Marie-Antoinette, les chats et encore les chats, le jeune anthologiste Arthur Chevallier s'intéresse au journal intime, de Voltaire à Matthieu Galey, mais pas seulement. On trouve ici des peintres, Delacroix ou Paul Klee, un musicien, Reynaldo Hahn (sur Proust), des journalistes (Robert de Saint-Jean, sur Julien Green, l'homme de sa vie), un chef d'Etat, Louis II de Bavière, ou encore des diplomates, comme Abel Ferry, racontant les coulisses de la guerre de 14, ou Roland de Margerie sa rencontre avec de Gaulle à Londres, en 1940. Outre son ouverture, à la fois sur la nationalité de ses auteurs et leur profession, Chevallier a choisi comme postulat d'écarter les diaristes les plus célèbres et les plus attendus (Gide ou Léautaud, mais pas Jules Renard, toujours vachard) sous prétexte que ces écrivains n'y parleraient que d'eux, de leurs rencontres, de leurs voyages. Mais qu'ont fait d'autre Madame de Staël, plus amoureuse de son père, le ministre Necker, que de son mari, Barbey d'Aurevilly, et Pierre Louÿs, Victor Hugo dans ses sublimes Choses vues, ou Matthieu Galey, qui raconte son interview de Françoise Sagan en 1954, se fait draguer - en vain - par Barthes, et assiste aux obsèques de Sartre, en se demandant combien, parmi la foule en larmes, l'avaient lu ?

C'est original, passionnant, riche en découvertes ou en retrouvailles. Le champ est si vaste qu'il est probable qu'Arthur Chevallier récidive un jour.