L’élégance et l’opiniâtreté d’un éditeur

Christian Bourgois. Photo : Olivier Dion

L’élégance et l’opiniâtreté d’un éditeur

Ses auteurs, ses confrères, et cinq ministres de la Culture, ont rendu samedi
un émouvant hommage à Christian Bourgois.

Par Christine Ferrand,
avec cf Créé le 01.12.2013 à 19h53

Cinq à six cents personnes se pressaient, samedi 12 janvier, dans la nef de l’église Sainte-Clothilde dans le 7e arrondissement de Paris, à la messe donnée en hommage à Christian Bourgois, décédé le 20 décembre 2007. Cinq ministres de la Culture étaient là, Christiane Albanel qui a fait un discours sensible célébrant sa proximité avec les créateurs et la sûreté de son goût, Jack Lang qui a fait l’éloge de l’éditeur et du président de l’Imec, mais aussi Jacques Toubon, Renaud Donnedieu de Vabres et Catherine Tasca. Si ses confrères étaient nombreux à être venus se recueillir, d’Antoine Gallimard à Hervé de la Martinière, en passant par Teresa Cremisi, Viviane Hamy, Olivier Cohen ou Claude Cherki, son « clan » de la Foire du livre de Francfort était également présent en nombre, avec Inge Feltrinelli, Petra Hardt, de Surkamps, Jorge Herralde ou les agents Ed Victor et Deborah Rogers. Surtout, se pressaient en foule les auteurs et les artistes qui chacun à leur manière lui ont permis de bâtir petit à petit le catalogue que sa femme Dominique va désormais poursuivre : Robert McLiam Wilson, Pierre Boulez, Patrice Chéreau, Linda Lê, Michel Deutsch, Jean-Christophe Bailly, Yann Moulier ou l’académicien Jean-Pierre Angremy.
Dense, d’une haute tenue, la cérémonie mêlait musique sacrée et profane (chants grégoriens, Bach, Debussy, Messiaen). L’écrivaine Florence Delay a lu un extrait du Livre de Job, tandis que les filles de Christian Bourgois avaient choisi un registre moins religieux : pour l’une, un poème de Pouchkine, et pour l’autre, un extrait des Thibault de Roger Martin du Gard, une de ses lectures de jeunesse qu’il lui avait fait partager. C’est avec une grande sensibilité que Gérard Unger a lu des extraits de Lire aux éclats de Marc-Alain Ouakin et des Contes hassidiques de Martin Buber.
Emotion et recueillement. On pouvait voir dans l’émotion et le recueillement avec lesquels Saint-Germain-des-Prés a célébré le départ de l’un des siens le sentiment d’une page tournée, de la disparition d’une époque. Mais certains, comme Jack Lang, veulent au contraire puiser dans le souvenir de l’élégance et des combats de Christian Bourgois, l’exemple « d’une résistance opiniâtre aux dévoiements de la culture » et un message pour l’avenir, qui pourrait être, selon l’ancien ministre de la Culture : « Refusez la marchandisation des consciences ; dans le doute, choisissez le parti de la liberté et de la bonté. »
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