Il faut toute une vie pour apprendre la vie. Telle est la salutaire et poétique leçon de ce formidable album, l'un des plus forts de la rentrée. Chaque page correspond à un âge, assorti d'un mini-apprentissage que l'on fait justement à cette période de la vie. Cela va de « 0 : tu souris pour la première fois de ta vie. Et les autres te renvoient ton sourire » à la page 100, exempte du moindre texte et où l'on ne voit plus qu'une moitié d'un beau papillon vert qui se fait la malle hors champ. Délicate allégorie de l'ultime départ. A la page précédente, la 99, on lit : « As-tu appris quoi que ce soit dans la vie ? ». Vaste question... A 5 ans, l'on apprend que les garçons et les filles tombent amoureux les uns des autres. A 14 ans, on voudrait être comme tout le monde, sans toutefois toujours y parvenir. A 24, on n'a jamais encore été aussi proche de quiconque, mais hélas à 26, on doute déjà de l'amour éternel... A 29, on n'a pas encore appris à se sentir bien, alors qu'un samedi soir on est tout seul à la maison. A 44, on attrape déjà des rides aux orteils ! La cinquantaine passée, la vie prend de la hauteur. Ainsi à 51 ans, on commence à accepter ses parents tels qu'ils sont. Et à 94 ans, quand on descend à la cave les bocaux de confiture de mûres vides, on se demande si on en aura encore besoin... 100 leçons simples mais justes sur l'amour, l'amitié, le bonheur, la peur, l'espoir, les rêves, et même l'acceptation de la mort. Les illustrations minimalistes mais puissantes de Valerio Vidali font un bel écho au texte signé de l'Allemande Heike Faller. Un livre essentiel, compagnon des jours avec et des jours sans.