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Le temps des losers

Donald Ray Pollock - Photo DR/Albin Michel

Le temps des losers

Donald Ray Pollock maîtrise à la perfection la noirceur de l’âme humaine, y ajoutant une touche lyrique et sarcastique.

Par Kerenn Elkaim
avec Créé le 30.09.2016 à 01h30

La littérature a-t-elle le pouvoir de modifier une trajectoire ? Cette question s’impose en songeant à Donald Ray Pollock. Tout comme Erri De Luca, il a connu une vie d’ouvrier avant de s’orienter vers des études littéraires. Un parcours atypique qui explique le contraste entre le caractère brut des personnages et une écriture à couper le souffle. Son roman Le diable, tout le temps, grand prix de Littérature policière et Meilleur livre 2012 de Lire, portait déjà cette empreinte. Une mort qui en vaut la peine poursuit le projet de scruter le Mal dans ses moindres détails. Un trio de frères, dignes des Dalton, évolue sous la coupe d’un père orgueilleux et religieux. Comment retrouver la liberté ? En suivant les recommandations rocambolesques d’un roman de gare, que Cane leur lit inlassablement. L’idée : braquer des banques pour avoir la belle vie. Or l’aventure tourne court lorsqu’ils s’égarent sur des sentiers meurtriers. L’auteur ne se contente guère de narrer les péripéties de Cane, Cob et Chimney, il entrelace aussi les démêlés existentiels de multiples antihéros. Ils devraient nous hérisser, pourtant on se laisse aimanter par leurs chutes respectives. Elles s’inscrivent dans cette Amérique de 1917 où règne une violence absolue. L’issue se trouve-t-elle dans les bras d’une femme ou dans les pages d’un livre ? Trempée dans un acide sucré, la plume de Pollock passe l’humanité au crible. K. E.

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