Inflation

Le Syndicat de la librairie française souhaite une étude sur le "prix psychologique" du livre

Une lectrice en librairie - Photo DR

Le Syndicat de la librairie française souhaite une étude sur le "prix psychologique" du livre

Face à l'envolée des coûts de fabrication et de l'inflation (5,8% au mois de juin sur un an, selon l'Insee), quel avenir pour le prix du livre ? Comment l'augmenter sans en faire un produit de luxe qui conduirait à la désertification des librairies ? Pour le Syndicat de la librairie française (SLF), une étude sur le "prix psychologique" apporterait des pistes précieuses de réflexion.

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Par Souen Léger
Créé le 05.07.2022 à 15h09 ,
Mis à jour le 05.07.2022 à 20h22

Pour Anne Martelle, la présidente du Syndicat de la librairie française (SLF), une étude sur le "prix psychologique" du livre (ou "prix d'acceptabilité") s'impose. "Je voudrais qu'un tiers de confiance puisse proposer une étude sérieuse qui nous donne des pistes de réflexion sur les changements de mode de consommation, sur ce que les gens sont prêts à mettre pour que le livre ait un avenir, pour que nos enfants puissent encore aller dans une librairie, devenir auteurs, éditeurs, ou libraires", a-t-elle déclaré à Angers, le 4 juillet 2022, lors d'une semi-plénière des Rencontres nationales de la librairie.

"Ça fait 20 ans que, systématiquement, l'augmentation du prix du livre est en dessous de l'augmentation du prix de la vie. Il est nécessaire que le prix du livre s'inscrive dans la vie réelle de l'économie", a ajouté Anne Martelle, appelant à ne pas réaliser de brusques augmentations mais à réfléchir collectivement à ces hausses, en intégrant les remontées des libraires.

Créer du désir politique autour du livre

Sur le terrain, les hausses de prix inquiètent déjà les libraires qui voient leurs clients reposer des ouvrages dans les rayons. "En voyant que le billet coûtait 14 euros, j'ai moi-même renoncé à une séance de cinéma. Ma question est la suivante : le livre peut-il devenir le cinéma ?", a soulevé un participant dans la salle. 

Pour les éditeurs présents lors de cet échange, l'espoir réside dans la méthode employée. "Mon sentiment est que l'inflation va continuer en 2023, mais on va retrouver nos marques, veut ainsi croire Bruno Caillet, directeur de la diffusion de Madrigall. On va augmenter les prix de manière raisonnable et progressive, en travaillant notamment les collections à prix unique et en réservant les à-coups à certains cas".

A l'Atalante, maison de SF et fantasy confrontée à une hausse des coûts du papier de l'ordre de 80% depuis 2021, le choix s'est porté sur une approche durable, avec une diminution des parutions en 2022. "Nous avons alterné entre des éditions qu'on raisonne au plus bas et de belles éditions de luxe. Car la question est aussi : comment faire en sorte que le livre fasse davantage envie ? J'ai l'intuition qu'il faut créer du désir politique autour du livre et pas seulement en faire un petit canard malade", a estimé Mireille Rivalland, éditrice et gérante de L'Atalante. "Il faut rester attentif à tout ce qui donne de la valeur aux livres, a confirmé Bruno Caillet. Dans le roman graphique, des ouvrages dépassant les 30 euros marchent très bien…"

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