Le sociologue Paul Yonnet nous quitte

Paul Yonnet

Le sociologue Paul Yonnet nous quitte

Le sport, la mort mais aussi Mitterrand et Céline lui avaient donné l'occasion de bâtir une oeuvre singulière.

Par Vincy Thomas
avec vt, avec afp Créé le 15.04.2015 à 22h43

Le sociologue Paul Yonnet, l'un des observateurs les plus originaux et les plus pénétrants de la société contemporaine, est décédé vendredi 19 août à l'âge de 63 ans à l'Institut Gustave Roussy de Villejuif, ont annoncé mardi à l'AFP les éditions Gallimard.

Né dans la Manche en 1948, Paul Yonnet était l'un des auteurs phare de la Bibliothèque des sciences humaines et de la revue Le Débat dirigée par Pierre Nora et Marcel Gauchet.

Enfant de ce baby-boom sur lequel il n'a cessé de réfléchir, Paul Yonnet a fait ses études de sociologie à Caen et à Toulouse. Il a mené toute sa carrière au sein de l'Union nationale des associations familiales (UNAF), qui lui a fourni un observatoire privilégié sur les faits sociaux qui lui paraissaient les plus significatifs.

Au fil d'une dizaine d'ouvrages, dont le premier Jeux, modes et masses : la société française et le moderne (Gallimard) en 1985, il avait bâti une oeuvre sociologique originale qui partait de petits faits négligés ou jugés marginaux par la science sociale officielle - le tiercé, le jogging, le look, les animaux de compagnie - pour en tirer le sens profond, du point de vue de leurs acteurs.

Par la suite, il s'est consacré à la sphère des loisirs (Travail, loisir : temps libre et lien social, 1999, Gallimard) et particulièrement le sport (Système des sports, 1998 ainsi que Huit leçons sur le sport, 2004, tous deux chez Gallimard). Son dernier livre traitait du sujet : Une main en trop, mesures et démesure : un état du football, paru en 2010 aux Edition de Fallois.

On retiendra aussi, avec François Mitterrand le phénix (2003, éd. de Fallois), son portrait distant et peu empathique de l'ancien président de la République. Ou encore Le testament de Céline, tableau des sources littéraires de l'écrivain, publié en 2009 chez le même éditeur.

En dernier lieu, il s'était appuyé sur la famille, pour en scruter les métamorphoses. Il n'aura eu le temps de mener à bien qu'un premier volume, Le recul de la mort : l'avènement de l'individu contemporain (2006, Gallimard), consacré aux effets de la vie longue et de la contraception sur le statut de l'enfance. Il avait en chantier un second volume, qui devait aborder les rapports hommes/femmes.

Paul Yonnet sera inhumé jeudi auprès de sa mère au cimetière d'Agon-Coutainville dans la Manche, le village de son enfance.

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