Kant écrit un Projet de paix perpétuelle, pour sortir l'homme de son état de nature qui n'est autre que la guerre. Le philosophe Toshiro Isoguchi, maître du dojo d'Ishen au sud du Japon, quant à lui, voudrait que l'humain retrouvât sa vraie nature. Il a développé pour ce faire toute une réflexion autour du samouraï d'aujourd'hui. Ce modèle d'« honnête homme », version pays du Soleil-Levant, cette figure guerrière de l'époque féodale japonaise, preux homme de combat, mais revisitée pour l'époque contemporaine. L'enseignement du sensei mort en 2000, quoiqu'il eût écrit des livres Après le boson de Higgs ou encore Tectonique de la plaque défaillante, était dispensé dans son dojo de manière orale ; l'un de ses élèves fut Emiliano Zapoga, ex-révolutionnaire du Chiapas. Le disciple d'Isogushi, et aussi vieil ami de Patrice Franceschi, livre à son tour les dits du sage à l'écrivain-bourlingueur qui les retranscrit en un « Petit manuel de combat pour temps de désarroi », intitulé Ethique du samouraï moderne. Rédigés en maximes ou « propos » par Franceschi, les préceptes du sage nippon s'articulent en cinq parties : « Des choses essentielles » ; « Des choses principales » ; « Des choses difficiles » ; « Des choses du quotidien » ; « Des choses diverses ».

Sans tomber dans un irénisme qui concilierait toutes les cultures du monde, à la lecture de ce vade-mecum d'« humanisme combattant »,on pense spontanément au proverbial mens sana in corpore sano, « un esprit sain dans un corps sain », de Juvénal. Mais ici, plus encore que de santé mentale et physique, il s'agit d'éthique de vie fondée sur deux disciplines : les arts martiaux et traditionnels, et l'hygiène de l'esprit qui consiste à fortifier sa volonté afin de penser et d'agir par soi-même. « Les deux buts essentiels : Celui de votre condition de samouraïs modernes, rappelle Isoguchi : combattre le chaos. Celui de votre condition de mortels : devenir vous-mêmes. »