Pour sillonner le Québec, il n'est pas conseillé de prendre le train mais plutôt d'entrer dans l'un des multiples bus qui zèbrent le territoire. Ainsi, il est possible d'aller aux confins de ces espaces plein de forêts, de voir au détour d'une route un immense lac s'étendre sur plusieurs kilomètres et de s'arrêter à une station-service pour acheter un café, immense lui aussi car dilué dans un litre d'eau. À l'honneur pendant le festival Étonnants Voyageurs, le Québec a envoyé à Saint-Malo treize de ses ambassadeurs littéraires. Partez à leur rencontre à bord du bus transcanadien, départ pour Montréal tôt le matin. 

Le voyage débute avant même que le périple n'ait commencé. Catherine Leroux habite à Montréal. Elle est l'autrice du Mur mitoyen (2013), de Madame Victoria (2015) et de L'avenir (2020), tous chez Alto. Centre névralgique de la production littéraire québécoise, Montréal est la ville des maisons d'édition. On y retrouve dans ses rues tracées à l'américaine de nombreux indépendants comme La Peuplade, Héliotrope ou encore Le Quartanier. Au sud de la ville, remonte le fleuve Saint-Laurent. Le bus le suit pour arriver à Québec, capitale de la belle province. Dans cette ville scindée en deux par un promontoire rocheux, on retrouve la slameuse, championne du concours de Slam Québec-France 2021 Véronica Rioux et l'écrivaine et poétesse Élise Turcotte qui enseigne au Cégep du Vieux-Montréal, l'équivalent du collège en France. Puis, plus loin sur le fleuve, on emprunte un traversier (ferry-boat) bleu pétant. Direction l'archipel de l'Isle-aux-Grues, un bout de terre de 24 km², bordé de quelques maisons. C'est sur cette île entourée par le fleuve et balayée par une myriade d'oiseaux (il y aurait 210 espèces selon les guides) qu'est née Mireille Gagné, l'autrice chez La Peuplade du Lièvre d'Amérique (2020) ou encore de Bois de fer (2022). 

Littérature autochtone

Ces dernières années, la littérature québécoise a également été marquée par un intérêt croissant pour la littérature autochtone. Isabelle Picard est une ethnologue, conférencière, chroniqueuse et écrivaine. Elle est originaire de Wendake, une réserve proche de la ville de Québec. De cette petite réserve enclavée dans la ville, il faut prendre la route 175, traverser le majestueux parc national de la Jacques-Cartier, résister aux multiples lacs sauvages qui se présentent des deux côtés et filer jusqu'au lac Saint-Jean. Appelé Pekuakami en innu, ce pays où le bleuet est vénéré et où l'on peut encore apercevoir quelques ours noirs et castors sauvages est le territoire où Almanda Siméon, la grand-mère de Michel Jean a vécu. Dans son roman Kukum, disponible chez Points, il en fait le récit. Tombée amoureuse d'un jeune homme innu, elle le suit dans sa vie nomade, à Pekuakami. Enfin, dernière halte aux confins du Québec dans les forêts boréales natives de la poétesse Joséphine Bacon. Innue originaire de Pessamit, elle a passé les cinq premières années de sa vie en semi-nomadisme dans la région avant d'être envoyée en pensionnat à Maliotenam. Elle explore la richesse de cette culture dans Tshissinuatshitakana. Bâtons à message (2009) et dans Kau Minuat. Une fois de plus (2023), parus chez Mémoire d'encrier.

Seront aussi présents : Audrée Wilhelmy, Hélène Dorion, Natali Fortier, Karim Akouche, Yolaine Champagne et Hélène Matte.