Enfin un peu de baume au coeur. Année après année, le Salon du livre et de la presse de jeunesse de Montreuil apporte toujours le même bonheur. Dans le cadre pourtant bien peu glamour de l'espace Paris Est Montreuil, il déploie toute sa créativité et, chose devenue rare, étale sa bonne santé.

La nouvelle topographie du salon, inaugurée l'année dernière, sa mise en scène maligne des stands et des différents espaces thématiques, offre une visibilité unique aux richesses d'un secteur à la formidable inventivité. Et les éclats de rire des enfants devant un petit spectacle monté parfois par l'auteur lui-même recouvrent les questions graves des adultes qui s'initient aux arcanes de l'édition numérique.

Cette vitalité n'est pas sans rapport avec le fait que, malgré la concurrence au couteau que se livrent les éditeurs dans les rayons des librairies, le livre pour la jeunesse demeure, comme nous le montrons dans le dossier de ce numéro, le secteur de l'édition qui de loin se porte le mieux. C'est le seul à afficher une progression sur les trois premiers trimestres de l'année. Et, une fois n'est pas coutume, c'est un domaine où l'innovation paie à tous les coups, ce qui est gratifiant.

Les professionnels de la littérature pour la jeunesse savent bien qu'ils ont la responsabilité des lecteurs de demain. Que, aujourd'hui comme il y a quarante ans, un enfant à qui on lit des histoires, à qui on met un livre entre les mains, aura un rapport privilégié à la lecture. Face aux nouvelles technologies, ils sont surtout pragmatiques. Raconter une histoire sur iPad, c'est d'abord raconter une histoire. Elle n'existe pas sans auteur, ni sans illustrateur. Comme pour le livre imprimé. Cette conviction les aide à aborder les nouveaux supports sans angoisse particulière, sans fascination excessive non plus. Bien décidés à être là où seront les lecteurs. Sans brader ce qui fait leur force, l'écoute des besoins de l'enfant et la création.

Montreuil, c'est la fête des enfants. Mais les "vieux" s'y ressourceront avec profit.