LITTÉRATURE

1 776 pages, 2 millions de signes, un dos de 5 centimètres, une intrigue foisonnante mêlant quêtes identitaires, mutations de Paris et politique culturelle... Dans les plis sinueux des vieilles capitales, de Sylvie Taussig, sera le pavé et l'ovni de la rentrée littéraire (29 euros). Galaade le publie le 16 août sous une couverture évoquant son énormité tout autant que la chaussée parisienne. Un pari fou et risqué, qui a exigé une préparation minutieuse. Editrice de Sylvie Taussig, dont c'est le troisième roman, Emmanuelle Collas ne s'est pas décidée tout de suite. Le livre était fini depuis 2006, mais Galaade a d'abord publié Patron titan (2006) ; puis hésité, face à un autre texte, avant de choisir ce "roman monstre" très écrit. "Nous avons travaillé à le resserrer, mais seulement sur des petites choses car tout est entrelacé : enlever des parties empêche le projet d'exister, explique-t-elle. Mais comment publier un tel livre ? En trois tomes ? En feuilleton ? Toutes les parties du livre sont connectées, il est donc devenu évident que l'on ne ferait qu'un livre." Pour la fabrication, elle s'est attachée à conserver le format des romans de la maison. "Je n'ai triché ni sur le corps de la police, ni sur l'interlignage, car le livre doit être lisible." Le papier est très fin, un Terbook blanc 40 g.

Le troisième roman de Sylvie Taussig.- Photo I. LEVY LEHMANN

Pour la diffusion, il ne s'agit pas tant de susciter l'envie (la curiosité est déjà là) que de donner des outils à Harmonia Mundi pour préparer le terrain. Un livret présente donc un extrait du livre et le synopsis complet afin que les libraires (et les journalistes) puissent le raconter sans forcément l'avoir lu en entier. Les représentants disposent de la description des personnages et peuvent choisir la façon d'en parler en fonction de leurs interlocuteurs : un livre sur Paris, ou une "comédie de moeurs" avec de multiples intrigues. Le livre est imprimé ces jours-ci à 3 000 exemplaires. "J'ai été très heureuse d'envoyer le BAT à Sylvie Taussig en lui disant : "Voilà, le livre est terminé." Si ce livre lui apporte une reconnaissance d'auteur, Galaade aura fait son office », dit Emmanuelle Collas.

L'auteure est elle-même inclassable. Chercheuse au CNRS où elle travaille sur le XVIIe siècle, elle traduit de l'anglais, de l'allemand, de l'italien, de l'espagnol, du latin, du grec... des auteurs tels que Martin Walser ou Tony Judt. Dans son roman, on retrouve les figures du maire de Paris, Bertrand Delanoë, ou de son adjoint à la culture, Christophe Girard. Mais cela n'en fait pas un roman à clés. Sylvie Taussig est une Parisienne qui s'interroge sur le devenir de sa ville. Peu convaincue par la politique culturelle menée, elle a écrit, dit-elle, "un livre sur la mort de Paris" à travers la préparation d'une longue "nuit blanche" qui converge vers la dernière phrase : "Le jour se lèvera-t-il sur la ville mosaïque ?"

Les dernières
actualités